Gouvernement d’union nationale : Cheick Modibo Diarra abuse de la classe politique

Août 22, 2012 - 21:36
Août 22, 2012 - 21:50
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Plusieurs semaines après l’expiration du délai accordé par la Cédéao, un décret de nomination d’une équipe gouvernementale vient d’être rendu public. Un gouvernement d’union nationale de transition qui ressemble fort à un gouvernement d’ouverture. [caption id="attachment_85950" align="alignleft" width="350"] Dr Cheick Modibo Diarra, Premier Ministre de la Transition[/caption] Lundi dernier, en début de nuit, le binôme dirigeant de la transition, si l’on s’en tient aux signatures figurant en bas du décret, a dévoilé la liste des membres du gouvernement dit d’union nationale (GUN) de transition réclamé depuis longtemps par la Cédéao qui, faute de quoi, menace d’infliger des sanctions économiques au Mali. Après de nombreuses concertations et négociations, un gouvernement de 31 membres dont quatre femmes et autant de militaires est mis sur pied. Un curieux attelage qu’on présente comme un GUN mais qui, à l’analyse, ressemble plutôt à un gouvernement de large ouverture tel que proposé par Cheick Modibo Diarra au début de la crise institutionnelle et politique, tel que refusé par le FDR (Front uni pour la sauvegarde de la démocratie et la République,Front du refus) qui demandait le limogeage du Premier ministre. Mais ce dernier, auquel Dioncounda Traoré « renouvelle sa confiance» pendant qu’aucune lettre de démission du chef de gouvernement n’a jamais été rendue publique, apparemment sort vainqueur du bras de fer engagé entre, d’une part, lui-même, la Copam, la Csm et, d’autre part, le FDR. Les tribuns, populistes et forts en gueule, généralement des politiques, ont été écartés de la table du GUN. Cheick Modibo Diarra entend rester le seul maître à bord du pouvoir transitoire. Cette volonté de dominer la classe politique et d’être le seul maître du jeu, l’astrophysicien, restaurateur de l’ordre ancien, n’en a jamais fait mystère. Surtout pour la formation de ce nouveau gouvernement qui en est le fruit. En effet, selon plusieurs sources, le décret que Cheick Modibo Diarra a déposé en personne à l’Ortm ne serait pas celui que Dioncounda Traoré aurait signé ou désiré à la suite des concertations menées dans la résidence présidentielle. Il faut compter alors avec un gouvernement qui est non pas le vœu du président de la République mais la volonté du Premier ministre. Exit la Cédéao ? Cheick Modibo Diarra, en effet, est parvenu à garder à ses côtés les trois quarts de ses ministres du défunt gouvernement, soit 18 sur 24. Six « seulement » seront congédiés dont le ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale, Sadio Lamine Sow, un ancien conseiller de Blaise Compaoré, chef de l’Etat burkinabé et médiateur dans la crise malienne, et le ministre de la communication, qui portait beaucoup trop loin la parole du gouvernement, Hamadoun Touré, ancien fonctionnaire de l’Onuci qui serait, lui, proche d’Alassane Dramane Ouattara, président de la Côte d’Ivoire et de la Cédéao. Ce double faux départ traduirait le désir du Premier ministre de se libérer de l’encombrante et menaçante tutelle de la Cédéao qui ne l’a plus eu en odeur de sainteté depuis sa nomination à laquelle elle a contribué. Mais apparemment, l’organisation sous-régionale sait encore se faire entendre et obéir puisque ses deux hommes sont récupérés dans le gouvernement, sous le parfait déguisement de conseillers. Cheick Modibo Diarra a donc débarqué seulement six ministres pour n’en accueillir que treize. Ceux-ci ne sont pas tous issus de la classe politique  et des organisations de la société civile qui se sont montrées les plus actives à demander la formation d’un GUN. Ils proviennent également de l’armée. Ainsi, avec déjà la défense, la sécurité intérieure et l’administration territoriale, les amis du capitaine Sanogo arrachent le transport et les infrastructures routières, portant leur nombre à quatre ministres. Toutefois, il aurait été normal qu’ils bénéficient du département en charge de l’action humanitaire dont le gros des missions se dérouleront dans les zones à libérer, sous le feu. Volonté de domination A part les ministres issus de l’entourage du président déchu, le général Moussa Traoré, beau-père de Cheick Modibo Diarra, beaucoup des nouveaux entrants sont aussi anonymes que ceux qu’on avait infligés au Mali le 24 avril et dont certains, grâce à leurs accointances avec le Premier ministre, s’incrustent. Sauf Tiéman Coulibaly qui, bien que vice-président du Fdr préside un parti (Udd) qui n’existe que par le récépissé. Par ailleurs, outre le fait de rallier à sa cause 18 ministres (peut-être beaucoup plus) sur 31, le Premier ministre ministre bouleverse l’ordre de préséance pour releguer Tiéman Coulibaly à la quatrième place. Le ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale, comme Sadio Lamine Sow qu’il remplace, aurait pu prétendre à un statut de ministre d’Etat et N°2 du gouvernement, surtout qu’il représente le plus grand regroupement socio-politique, le Fdr. Mais non, il vient après Tiènan Coulibaly, ministre de l’économie, des finances et du budget, et Yamoussa Camara, ministre de la défense et des anciens combattants. Les autres acteurs politiques reçus avec commisération dans le gouvernement sont encore plus relegués que lui dans les profondeurs de la nomenclature gouvernementale.  Histoire de faire comprendre à Dioncounda Traoré et à ses amis qui tirent réellement les ficelles du vrai pouvoir. Mais le vin est tiré, il faut le boire jusqu’à la lie. Tout en se posant ces questions : les ministres issus des partis politiques et organisations de la société civile hostiles à Cheick Modibo Diarra, notamment le Fdr qui avait demandé son départ, vont-ils lui obéir au doigt et à l’œil ou vont-ils le contourner pour prendre directement leurs ordres chez le président ? Les députés élus sur les listes des partis politiques hostiles à Cheick Modibo Diarra vont-ils lui rendre la tâche facile ? Cheick Tandina

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