Pour la mise en place d'un gouvernement d'union nationale au Mali, le président de la transition, Pr. Dioncounda Traoré, avait décidé de poser ses valises, hier, dans la capitale burkinabè pour participer au mini-sommet de la CEDEAO. Mais à la dernière minute, ses médecins traitant parisiens ont réservé un niet catégorique à ce déplacement. A défaut donc d'un report, c'est le Premier ministre qui devra, une fois encore, représenter notre pays à cette rencontre. Une éventuelle participation de la classe politique proche du FDR, sans la présence de Dioncounda Traoré, étant devenue plus qu'hypothétique. Les associations proches du Premier ministre et de l'ex-junte avaient, dès l'annonce de la nouvelle sur les médias internationaux, rejeté toute participation à ce sommet tout en le dénonçant comme «humiliant pour le Mali».
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Si jusque-là, le président de la transition, Pr. Dioncounda Traoré, et e Premier ministre, Dr Cheick Modibo Diarra, etsemblaient filer le parfait amour, aujourd'hui force est de constater qu'un fossé est en train de se creuser entre les deux têtes de l'exécutif de la transition. Le mini-sommet de la CEDEAO, décidé à la suite du sommet de Yamoussoukro du 29 juillet dernier, qui se tiendra demain dans la capitale burkinabè, est diversement apprécié par les deux personnalités.
Si le président Dioncounda Traoré avait jugé utile de s'y rendre, avant que ses médecins aient réservé un niet catégorique à son désir, les partisans du Premier ministre et des associations proches de l'ex-junte militaire avaient, au contraire, appelé la classe politique et la société civile à boycotter ce qui apparait, à «leurs yeux, comme un Ouaga 2 sans importance», voire une «humiliation que des problèmes intérieurs maliens soient discutés au Burkina».
A la suite de plusieurs rencontres et réunions qui ont eu lieu dès l'annonce de la tenue dudit sommet, différentes associations à caractère politique sont montées au créneau pour dénoncer cette rencontre qui "se tient en dehors du Mali pour parler de la mise en place d'un gouvernement du Mali". De même que tous les mouvements proches du CNRDRE ont également appelé à ne pas «faire le déplacement sur Ouagadougou».
Au même moment, de l'autre côté, les anti-junte, à l'instar du Front uni pour la sauvegarde de la démocratie et de la République (FDR), ont salué la tenue de ce sommet comme étant celui de la dernière chance. Personne n'ignore que le FDR réclame depuis un certain temps la tête du Premier ministre. C'est dire que si le président de la transition avait voulu se déplacer, en dépit de son état, pour assister à ce sommet, c'était certainement pour vendre la peau du gouvernement voire celle du chef du gouvernement lui-même. D'où, pour les proches du Premier ministre, l'inopportunité de cette rencontre dont la vedette devait être, incontestablement, le président de la transition, Pr. Dioncounda Traoré.
Ce dernier allait-il faire le déplacement avec déjà en poche la liste du futur gouvernement ? Ou bien comptait-t-il arranger une liste avec les partis politiques et les représentants de la société civile qui devaient prendre part à ce sommet qui allait accueillir, d'après certaines sources, seulement les formations politiques représentées à l'Assemblée nationale ? Avec la participation active des chefs d'Etat de la CEDEAO parmi lesquels certains veulent carrément le départ du Premier ministre, Dr Cheick Modibo Diarra. Face à cette situation délicate, il revient à la CEDEAO de prendre toute la mesure de la situation intérieure du Mali. Car, même la communauté musulmane a émis de sérieuses réserves sur l'opportunité de la tenue de ce sommet "en dehors du Mali ". C'est dire aujourd'hui que nombre de Maliens sont opposés à la tenue de ce sommet qui a pour principal sujet à l'ordre du jour : la mise en place d'un gouvernement d’union nationale, préalable pour l'organisation sous-régionale à tout appui au Mali dans la gestion de la crise au nord de notre pays.
Dioncounda renonce à se rendre à Ouaga
En tout cas, selon certaines sources, le chef du gouvernement, Dr Cheick Modibo Diarra aurait rassuré ses ministres que rien ne se produira. Même si une autre équipe devra voir le jour, cela sera fait au Mali et avec les Maliens. L'empêchement du président de la transition de participer à ce sommet, alors qu'il y était fortement attendu, est un message fort qui doit faire réfléchir tout un chacun. C'est dire que le linge sale doit se laver en famille ; autour des autorités et avec l'ensemble de la classe politique et de la société civile. Car, qu'on le veuille ou pas, l'absence du président de la transition ne fait que renforcer la vision du Premier ministre sur le rythme à imprimer et la pertinence des solutions qu'il envisage ou est en train de mettre en œuvre dans la résolution de la crise au nord du Mali. Après un voyage qu'il effectuera (sommet ou pas sommet) à Ouagadougou, le Premier ministre aurait prévu de se rendre, dans les prochains jours, à New York et à Washington aux Etats-Unis, pour des entretiens au Conseil de sécurité et au Département d'Etat.
Bientôt, après ce voyage de Dr Cheick Modibo Diarra, que les observateurs jugent décisif, des actions seront menées pour libérer notre pays du joug des forces rétrogrades et terroristes. Mais tout cela ne sera possible que quand bien évidemment tous les acteurs arriveront à parler le même langage. Même si cela devra passer par un élargissement de l'équipe gouvernementale actuelle. Chose dont le Premier ministre ne souhait point entendre parler…En tout cas pour le moment, Dioncounda Traoré et «son» Premier ministre sont divisés sur la question.
Mamadou FOFANA