IBK dans la nouvelle gouvernance : La gestion solitaire du pouvoir tue la réconciliation nationale

Mar 18, 2014 - 21:21
Mar 18, 2014 - 14:14
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[caption id="attachment_188935" align="alignleft" width="344"]Ibrahim_Boubacar_Keita Ibrahim Boubacar Keita,[/caption] Comment dans une période marquée par un maelström d’interpellations judiciaires, de micmac politico-judiciaire, de confusion entretenue sur les vraies raisons de l’occupation de Kidal alors que les rebelles du Mnla font feu de tout bois  peut-on réfléchir sereinement à la paix et à la réconciliation nationale ? A ce propos, il semble qu’on a mis la charrue avant les bœufs,  sans consulter et impliquer le peuple dès le début du processus. Sans lui, qui seul a le pouvoir de pardonner, tout accord signé par-dessus sa tête ne sera qu’un chiffon de papier. IBK le sait-il ?   La nouvelle gouvernance d’Ibrahim Boubacar Kéita avait démarré sous les meilleurs auspices après son plébiscite par le peuple malien à la présidentielle par plus de 77% des électeurs inscrits. Le peuple avait applaudi des deux mains sa croisade menée sur les chapeaux de roue contre l’impunité et la corruption de la justice, accepté au nom de la paix et de la réconciliation nationale la levée des mandats d’arrêts internationaux contre les criminels de guerre du Mnla et la libération de leurs acolytes emprisonnés à Bamako. De l’autre côté, la rigueur de la justice frappait juges, procureurs, magistrats, officiers supérieurs, généraux de l’armée, hauts fonctionnaires de l’Etat,   opérateurs économiques et banquiers.   La fameuse croisade d’IBK, promise pendant sa campagne contre l’impunité et l’injustice était passée par là. Mais beaucoup d’autres pensaient que face aux problèmes du Nord, notamment de la libération de Kidal tenue par le Mnla malgré les accords de Ouga et l’insécurité permanente, cela relevait de la pure démagogie. La cerise sur le gâteau aura été cette histoire des poursuites contre l’ex président de la république Amadou Toumani Touré, à l’initiative du gouvernement pour  crime de « Haute Trahison » passible de la Haute Cour de Justice.   Tout le monde convenait qu’Ibrahim Boubacar Keita était l’Homme à poigne indiqué pour assainir les situations troubles et mettre fin aux chienlits en tout genre qui accablaient la République. Mais la diplomatie et la prospective géostratégique politique et sociale ne sont manifestement pas son fort. La question de la paix, de la justice et de la réconciliation nationale aurait pu être abordée autrement. J’allais dire de manière froide et réaliste, au lieu de la surenchère passionnelle et passionnée à la quelle nous continuons d’assister. Att est-il actuellement un problème qui empêche le Mali d’aller de l’avant ? Sûrement pas. Le pouvoir n’a pas suffisamment écouté en âme et conscience les populations du Nord pour le bien prétendu desquelles les rebelles ont mis ses territoires à feu et à sang. C’est le levier sur lequel IBK devait jouer, pour déjouer les pièges du Mnla et annihiler la nébuleuse des jihadistes qui sévissent au nom d’une mission dont Dieu ne les a pas chargés.   Ces populations ont-elles eu le loisir d’aller s’exprimer à IBK à l’ONU et dans les capitales occidentales, pour dénoncer les vols, viols des femmes, les tortures physiques et psychologiques, les traumatismes et  massacres perpétrés contre elles par le Mnla, ses satellites et les islamistes alliés à al Qaïda au Maghreb Islamique? C’est ainsi qu’il aurait fallu mettre la communauté internationale devant ses responsabilités, en lui disant crûment de la bouche de ceux-là mêmes qui sont directement éprouvés, qu’elle sera désormais comptable du génocide des populations du Nord programmé par une horde de bandits sans foi ni loi mus uniquement par des intérêts sordides. Le lobby pro touareg battu à plate couture, IBK aurait ensuite, avec l’aval de l’ONU et de  la France, programmé un référendum au Septentrion et au sud, pour lever définitivement toute équivoque par rapport à ce faux problème de l’Azawad.   Puisqu’un pas considérable avait déjà été accompli avec la suspension des mandats d’arrêt contre les chefs rebelles du Mnla dont certains d’ailleurs, fort heureusement revenus à la République, ont été élus à l’Assemblée nationale sur des listes Rpm, le parti présidentiel, tous les groupes rebelles sans exception auraient été conviés à des assises du pardon et de la réconciliation voulues par le peuple souverain à travers une commission nationale vérité , justice et réconciliation constituée à cet effet par consultation populaire. Tous les anciens chefs d’Etat du Mali, sans exception y auraient été librement conviés sans que ne pèse au-dessus de leurs têtes aucune épée de Damoclès.   On ne voit pas comment, après cette catharsis salutaire, le  processus ne déboucherait pas à terme sur une véritable paix et une réconciliation totale, dans l’apaisement des cœurs et des esprits du Nord au Sud du Mali.   Mais IBK a trop de charges sur ses frêles épaules. Perché sur son Olympe, inaccessible sauf dans ses proclamations, il risque de s’épuiser vainement dans son exercice solitaire du pouvoir en prenant tout sur lui. Pendant ce temps, autour de lui et en son nom, les règlements de comptes politiques qui s’étendent sur le terrain judiciaire ou vice-versa, polluent l’atmosphère sociale et s’étendent à la Grande Muette, notre armée nationale, qu’ils menacent de corrompre davantage et de déstabiliser, au lieu de l’assainir.     Il urge qu’IBK intervienne en changeant de cap dans la gestion des affaires publiques. Comme Rome, le Mali ne se fera pas en un jour. Il serait bien avisé de s’ouvrir au peuple qui, malgré tout, lui fait encore confiance. Dans les temps actuels un grand discours véridique à la Nation ne serait pas superflu. Il permettrait d’édifier le peuple qui a soif de vraies informations, de tuer dans le même temps les rumeurs fallacieuses en remettant les compteurs de l’opinion au temps exact, dans la perspective de la quête essentielle du Mali d’Abord, du bonheur et de la dignité des Maliens. N’est-ce pas la seule question qui vaille ? Oumar Coulibaly   

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