Il est aisé et souhaité pour tout pouvoir d'avoir une majorité à l'hémicycle. Synonyme de "liberté de gestion" et de "gestion unilatérale" des affaires de l'Etat. La situation actuelle du Mali ne nous confère-t-elle pas une autre réalité ?
![ibk](http://www.maliweb.net/wp-content/news/images/2013/09/ibk.jpg)
L'état piteux actuel du Mali doit pousser tous ses fils à un sursaut d'orgueil, à un vrai engagement patriotique. Car, le coup de force du 22 mars a mis le pays à genoux, a détruit le tissu social et économique, a créé un véritable soupçon entre tous. A cause des tentatives mensongères des jeunes putschistes dans le seul dessein de gérer le Mali. Alors, sorti de cette situation, il serait mieux qu'il y ait une gestion "collégiale", c'est-à-dire une cohabitation au contraire du consensus à la ATT.
Le Mali sort petit à petit de la situation de "non-Etat" après l'organisation des élections présidentielles et du retour progressif de la normalité au nord du pays. La préoccupation, la principale, demeure maintenant la gestion efficiente du pouvoir c'est-à-dire des affaires de l'Etat. Sur ce plan, IBK et son PM pataugent. Alors, que faire concrètement pour avoir des résultats probants ?
Il serait prématuré de juger un Président et son PM après seulement deux (02) mois de gestion. Cependant un adage de chez nous dit ceci : "La ferveur de la nuit s'annonce dès le crépuscule". Le rythme actuel de la gestion du quinquennat d'Ibrahim Boubacar Kéïta laisse perplexe plus d'un. Car, il faut le dire clairement, les Maliens l'ont choisi tout d'abord pour sa supposée fermeté. Ayant été considéré comme l'homme qui ne va jamais s'asseoir avec le MNLA pour une quelconque discussion et qui ne badinera pas avec l'autorité de l'Etat. Surprise totale. Il a déjà fait pire qu'Amadou Toumani Touré dans ce domaine. D'autant plus que le Général c'est-à-dire ATT avait conscience de la situation. Alors, il a été clair : "Aucun Etat seul de la sous région ne peut résoudre ce problème (NDLR : du Nord)…". Tergiversant et jouant au plus malin, finalement, ATT fera les frais de sa non-autorité, pas seulement face au Nord mais même au Sud. Le Mali étant devenu une passoire, un Etat d'affairisme de tout acabit mais surtout un Etat à la solde des terroristes djihadistes. Cette situation couplée à sa prétention d'un 3ème mandat (anticonstitutionnel) va le conduire à la diatribe. Car, encore à moins de deux mois des élections qu'il devrait organiser le 29 avril 2012, rien de concret n'existait sauf certainement le fichier. Lâché donc de partout, il va faire des sorties et des rencontres malencontreuses. Ainsi, une petite étincelle va jaillir à Kati qui, au finish, va mettre fin à son pouvoir. Le contraignant finalement à la démission et à un départ précipité dans des conditions ignobles vers d'autres cieux. Alors, ATT ne peut s'en prendre qu'à lui-même.
A la suite de ce départ d'ATT, c'est Sanogaule c'est-à-dire Capitaine Amadou Haya Sanogo s'estimant le Général De Gaule du Mali ou Sanogaule qui prend le Mali en otage avec "sa tolérance zéro", ses exactions et ses pillages des caisses de l'Etat et même des particuliers. Pendant quelques jours, ce qu'ils appellent le CNRDRE va mettre la couronne de l'enfer sur la tête des Maliens. Sanogo et ses hommes vont faire toutes sortes d'exactions jusqu'à vouloir gérer le Mali. N'y étant pas parvenu, ils vont jeter leur dévolu sur ceux qui vont leur faire la part belle. Alors, IBK vient au pouvoir grâce à son soutien indéfectible et celui du mentor d'Amadou Haya Sanogo, le grand Chérif de Nioro. Depuis, le Mali bascule vers un Etat militaro-islamique. Cette situation qui doit pousser tous et chacun à la réflexion sur l'avenir de notre pays. Pays qui a une tradition millénaire de cohabitation.
Désormais Président élu, plébiscité comme il le dit lui-même, IBK a du pain sur la planche. C'est à lui donc de savoir faire ses choix et de prendre des décisions souvent même impopulaires. Sachant qu'on ne peut pas faire d'omelette sans casser des œufs. C'est vrai qu'il a des hommes valeureux mais l'état actuel du Mali demande la conjugaison des efforts. Cette conjugaison des efforts doit se faire avec une vraie opposition et une vraie majorité. Alors que chacun s'assume dans le sens de la construction, du relèvement de l'Etat. Le Mali nous appartient tous et personne ne viendra le faire à notre place.
Il reste maintenant à IBK, après les législatives, de voir et de savoir. Seul Maître à bord, avec une majorité à l'Assemblée ou une minorité, IBK doit se faire aider, se faire appuyer en sortant du clanisme et en mettant fin à la chasse aux sorcières dont s'emploient aujourd'hui certains de ses ministres vis-à-vis des cadres d'autres partis ou des cadres non politiques. C'est dans cela qu'il aura son salut. Sinon, son début est catastrophique, en s'entêtant davantage, il risque de se mordre les doigts. Car, le Mali n'est pas du tout facile à gérer. Surtout dans son état actuel. Qu'il lui plaise !
Boubacar DABO