Infos ou intox : Tolérance zéro

Avr 16, 2012 - 00:27
Avr 16, 2012 - 00:27
 0  10
Retranché comme d’habitude dans son sanctuaire katois où il jouit de la protection de ses hommes lourdement armés, le capitaine Sanogo menace tout le monde : tolérance zero à tout perturbateur ou empêcheur de putscher en rond. Il ne veut pas de contestation mais plutôt une presse muselée et d’une classe politique aux ordres.   [caption id="attachment_59143" align="alignleft" width="344" caption="Le capitaine Sanogo lors d'une conférence de presse le 7 avril 2012, après le transfert du pouvoir au président de l'Assemblée nationale, à la base militaire de Kati. REUTERS/Joe Penney"][/caption] Jeudi dernier, il a fait sortir toute une armada (certains pensent que tous les militaires de Kati étaient mobilisés pour ça) pour se rendre au Centre international de conférence de Bamako. Personne ne sait en qualité de quoi vu que, selon de nombreux naïfs, il aurait remis le pouvoir aux civils et serait retourné, avec ses camarades, dans les casernes. Toujours est-il qu’il bel et bien assister à l’investiture de Dioncounda Traoré, président de l’assemblée nationale. Celui-là a eu ce dont il a toujours rêvé depuis que son camarade, Alpha Oumar Konaré, a été miraculeusement élu en 2002 : être président de la République. Que ce soit pour quarante jours ou pour quarante minutes, l’histoire retiendra qu’il a occupé ce poste. Mais apparemment, il ne fait que l’occuper, il serait en quelque sorte un président purement honorifique. Pour preuve, le lendemain de son investiture, le premier grand journal de Radio Mali, le 7 heures de Kodji Siby, qui a commencé avec plus de trois minutes de retard, a bien annoncé l’événement dans les titres. On s’attendait donc à un fabuleux reportage avec discours, réactions et papotages. Il n’y aura rien de tout cela. En fait, le présentateur parlera bien de l’investiture mais seulement en fin de journal, après la page sport et juste avant le rappel des titres. L’ORTM aurait-il reçu l’ordre des nouveaux maitres de faire le black-out sur les activités du président, histoire de lui faire comprendre qu’il ne fait que de la figuration, et que sans les menaces de sanctions et d’intervention armée de la Cedeao, on n’aurait même pas consenti ce petit sacrifice ? Mais il y en a au moins un qui ne doit pas être content. C’est l’honorable député Oumar Mariko. Il aurait sans doute voulu que ses nouveaux amis de Kati fassent une entorse à la constitution pour lui permettre de trôner à la place de son ennemi intime Dioncounda Traoré. Depuis le putsch du 22 mars, le député de Kolondiéba fait des pieds (d’argile), des mains (de fer) et des yeux (doux) à la junte pour se faire entendre et apprécier. Il a créé le MP machin pour accompagner les néophytes. Il a tenu meeting, marché et même courru, d’après les jaloux. Il a squatté devant l’Hémicycle pour dire à qui veut l’entendre que la Cedeao est injuste et ne fait peur à personne, et qu’elle ne paut pas imposer Dioncounda Traoré pourtant intérimaire constitutionnel. Bref, le député s’est tellement égosillé qu’il est aujourd’hui atone. On ne l’entend plus beaucoup, et c’est déjà mieux, mais si on ne l’entendait plus du tout, ce serait nettement meilleur. Mais la maison mère a peut-être raté une bonne occasion de montrer au monde la force de frappe du capitaine. Un impressionnant et spectaculaire dispositif sécuritaire et militaire était en place pour la protection des nouveaux dignitaires. Selon des témoins, on aurait même plongé dans le fleuve Djoliba pour voir si quelques barbus ne se cachaient pas dans ses profondeurs. Cette peur panique, une véritable psychose, n’est heureusement pas contagieuse car elle ne parvient pas à gagner les populations civiles, lesquelles ont quand même été perturbées dans leurs activités normales. Notamment au niveau du quartier ACI où les usagers étaient confrontés à tout bout de champ à des barrages ou à des bouchons. Si chaque sortie du capitaine devait nécessiter autant de déploiement de matériels et de « Rambos », les paisibles et honnêtes préfèrent de loin qu’il reste dans sa ville garnison pour éviter les inévitables désagréments. Et puis, bon, s’il veut sortir il n’a qu’à aller au nord. Il a toujours trois régions sous occupation criminelle et jihadiste. Des chars, Brdm, automitrailleuses, LRM et autres obusiers ne servent strictement à rien ici à Bamako, même pas à empêcher un coup d’Etat sinon lui n’aurait pasréussi le sien. C’est à Tombouctou, Gao et Kidal qu’il faut aller. Allons Capitaine, c’est le moment. Comme vous ferez taire les mauvaises langues qui pensent que vous n’avez exécuté votre putsch que pour pouvoir rester loin du théâtre des opérations militaires et gérer une transition, avec votre machin là, le Cnrdre. Et si c’est le cas, mon capitaine, le peuple malien également dit tolérance zéro. Cheick Tandina

Quelle est votre réaction ?

like

dislike

love

funny

angry

sad

wow