La classe politique piégée par A.T.T
L’absence d’un fichier électoral fiable et, à dix mois seulement de l’élection présidentielle, a été programmée à dessein par le pouvoir. Du coup, le piège se referme autour de la classe politique. Avec, en ligne de mire, une prolongation du mandat présidentiel. Qui ne dit pas son nom.
Race ou Ravec ? Entre le Recensement Administratif à Caractère Electoral (RACE) et le Recensement Administratif à Vocation d’Etat Civil (RAVEC), le gouvernement ne sait plus où donner de la tête.
Jugé peu fiable, le premier a fait l’objet de tripatouillage durant les précédentes élections ; tandis que le second, pour accoucher d’un fichier électoral fiable, a un coût : 15 milliards CFA. Mieux, il ne sera pas prêt avant 2012. Ce n’est pas tout. Il faudra, aussi, réaliser de nouvelles opérations de recensement pour y inclure les Maliens résidant en côte d’Ivoire. Dont le nombre est estimé à deux millions d’âmes. Cette opération s’étendra sur deux, voire trois mois. Sans compter le temps qu’il faudra pour corriger les listes de recensement. Et les vérifications sur les listes des Maliens de l’intérieur. Qui n’ont pu être recensés.
Entre ces deux maux, le gouvernement choisit le moindre : le fichier électoral amélioré. En clair, le Race « amélioré ».
L’amélioration du fichier électoral consiste à enregistrer les citoyens qui viennent d’acquérir l’âge de vôter (18 ans). Mais aussi, à en extraire les noms des citoyens décédés.
Faite, le 19 mai dernier devant les députés par le ministre des l’Administration Territoriale et des Collectivités Territoriales, le Général Kafougouna Koné, cette proposition a été battue en brèche par les leaders politiques.
Colère de la classe « pourritique »
« Mr le ministre, je connais votre attachement à la stabilité de notre pays. Mais cette stabilité dépendra de la façon dont la présidentielle sera organisée. Il est important que vous sachiez que cette stabilité repose sur vos épaules », avertit Tiébilé Dramé, leader du Parena. C’était le 26 avril dernier, lors de la rencontre entre le ministre de l’Administration Territoriale et la classe politique.
Rencontre à l’issue de laquelle, Modibo Sangaré, leader de l’UNPR –Faso Danbé, avait menacé d’appeler les partis politiques à descendre dans la rue pour se faire entendre par un pouvoir jugé « sourd » et « muet ».
Pour Cheick Modibo Diarra, le « candidat inter –planétaire », pas question d’aller à l’élection sur la base du fichier électoral issu du Race : « Il faut, nécessairement, un fichier électoral fiable », a t –il indiqué.
A en croire Choguel Maïga, président du MPR, il n’est pas tard pour tirer un fichier électoral fiable du Ravec. A condition, dit –il, que la volonté politique y soit : « Si l’on y met la volonté politique, nous sommes convaincus que le fichier qui sera issu du Ravec peut être prêt », a-t-il précisé.
La société civile hausse le ton
De son côté, la société civile hausse le ton. C’était à la faveur d’une conférence organisée, le 24 mai dernier, au siège de
Animée par Adama Diakité et Boureïma Allaye Traoré, respectivement, président du Forum des Organisations de la société civile et président du Conseil national de la société civile, cette conférence a été sanctionnée par deux recommandations : la mise en place d’un système de communication appropriée sur l’état des préparatifs des élections a venir ; mais aussi, la création d’un cadre de concertation entre les parties prenantes au processus électoral.
Pour sa part, le chef de l’Etat, lui, ne comprend pas pourquoi le fichier électoral, sur la base duquel il a été élu deux fois, pose problème. Surtout, à dix mois de la date butoir.
« Le temps n’est plus en notre faveur », rappelle le ministre de l’Administration Territoriale et des Collectivités Locales.
Le patron de
Comme on le voit, le fichier électoral oppose la classe politique et la société civile, d’un côté, au pouvoir de l’autre.
Une transition avec ou sans ATT ?
Après avoir passé neuf ans à chanter les louanges des « Princes » qui nous gouvernent, à se succéder à eux- mêmes aux postes juteux, les leaders politiques se font rattraper l’essentiel : l’élaboration d’un fichier électoral fiable.
Tout porte à croire que l’absence d’un fichier électoral « consensuel » et, à dix mois seulement de l’élection présidentielle, a été programmée –à dessein –par le pouvoir. Afin de bénéficier d’une prorogation de son mandat, de deux ans.
A défaut d’un troisième mandat, dont l’annonce par les laudateurs du régime a soulevé un tollé au sein de l’opinion publique nationale et internationale, A.T.T tient, là, la clé de la prorogation de son mandat : sans fichier électoral fiable, pas d’élection présidentielle en 2012.
Mis devant le fait accompli, les Maliens n’ont guère le choix : où ils prolongent le mandat d’ATT afin de réunir les conditions d’une élection transparente et crédible ; ou ils organisent la présidentielle sur la base du fichier électoral tripatouillé. Avec le risque de fraude massive et de crise post –électorale. Comme ce fût le cas en Côte d’Ivoire et au Bénin.
Après une première transition, conduite en 1991 par le lieutenant –colonel A.T.T, le Mali s’achemine vingt ans après vers une seconde (transition) sous l’impulsion du Général A.T.T.
Reste à savoir si, cette fois –ci, ce sera avec ou sans lui.
Oumar Babi
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