L’APDF à propos du nouveau Code des personnes et de la famille : ‘’Ce texte est plus rétrograde que le Code de 1962 ‘’

Malgré son adoption sans débats  par les élus de la Nation, le nouveau Code des personnes et de la famille ne parvient pas encore à faire l’unanimité auprès des Maliens. En effet, après la vive réaction d’hostilité de la part des organisations musulmanes et des milieux traditionnalistes qui estimaient que leurs préoccupations  n’avaient pas été prises en compte lors du premier vote de ce Code par l’Assemblée nationale, le 3 Aout 2009, ce sont les Associations de défense des Droits des femmes et des enfants qui s’élèvent aujourd’hui contre ce Code revu et corrigé censé  pourtant obtenir l’adhésion et la compréhension de nos compatriotes.

La première réaction officiellement enregistrée depuis le vote du 2 Décembre dernier est venue de l’Association pour le Progrès et la Défense des Droits des Femmes (APDF) qui a célébré ses 20ans le 6 Avril 2011. Lors de sa contribution à la 16è édition de l’Espace d’Interpellation Démocratique (EID), l’APDF n’a pas manqué d’arguments pour qualifier le nouveau Code des personnes et de la Famille de tous les maux d’Israël. «Le texte qui a été adopté le 2 Décembre 2011 par nos honorables députés n’est pas conforme à la volonté plusieurs fois exprimée par le Chef de l’Etat pour ce qui est de la protection des droits de la femme et de l’enfant au Mali. En effet, le projet adopté le 2 Décembre dernier n’est pas conforme à notre Constitution, il est en deçà des attentes du peuple malien car en retard de plus de 50 ans par rapport aux avancées que le Chef de l’Etat a bien voulu exprimer en terme de défense et de protection des Droits des femmes et des enfants dans notre pays».

Cette sortie musclée de l’APDF sur le nouveau Code des personnes et de la famille traduit tout le sentiment de frustration des femmes et des enfants du Mali qui ont été sacrifiés sur l’autel de la politique politicienne. Elle confirme en outre que ce Code a été taillé sur mesure pour les organisations musulmanes qui sont parvenues à imposer leur veto.

Ce que l’APDF reproche à ce nouveau Code des personnes et de la famille, c’est le non respect des instruments juridiques relatifs aux Droits humains des femmes ratifiés par le Mali. C’est dans le souci du respect de ces engagements internationaux qu’un projet de Code  a été élaboré pendant une décennie en tenant compte du contenu des traités et conventions ratifiés par le Mali.  L’APDF fera savoir qu’elle est au regret de constater aujourd’hui, qu’après plus de 10 ans de labeur, avec des concertations locales régionales et  d’autres rencontres, que nous soyons toujours à la case de départ, avec  un projet  de Code remanié négativement à plus de 90%, après son adoption par l’Assemblée nationale, malgré toutes leurs actions de plaidoyer, d’informations et de sensibilisation.  «Ce document qui existe présentement est plus rétrograde que le Code de 1962 qui n’est pas encore largement diffusé et connu», affirme tout de go la présidente de l’APDF.

Tout en disant que les femmes du Mali méritent respect et considération, l’APDF tiendra à faire savoir que ce nouveau Code des personnes et de la famille ne constitue pas du tout une avancée démocratique pour le respect des Droits fondamentaux et humains des femmes et filles de notre pays. L’APDF qui comptait sur les Honorables députés qui avaient voté le 3 Aout 2009 sur la base de la conviction, constate aujourd’hui, avec amertume, les dégâts. En effet, non seulement les députés  se sont  dédits, mais c’est surtout la protection de la femme qui en a pris un sérieux coup.                                                                                                

Birama FALL