Le Mali blessé dans son orgueil !
De l'avis de nombreux observateurs, le coup d'Etat des putschistes contre ATT est du à son laxisme dans la lutte contre les rebelles touaregs : c’est du moins la raison évoquée par les militaires pour fomenter le putsch.
Mais dans tout cela, la création d’un Etat islamique était-elle prévisible? Quoi qu’il en soit, la fusion, le week-end dernier, entre le MNLA et Ançardine a été anticipée, peut-être même encouragée par des géopoliticiens tapis dans l’ombre et qui, en continuant ainsi, risquent de mettre le feu aux poudres dans la sous-région. La situation actuelle du Mali, qui n’est pas aussi chaotique qu’on le pense, s’apprécie non seulement par rapport à la spécificité touarègue et à leur longue histoire de révoltes pour créer un foyer national, mais aussi comme conséquence perverse de l'aventure libyenne et du coup d’Etat militaire du 22 mars orchestré par les partisans du désordre (la junte militaire). En effet, bien que censurée et vomie par les amis et frères du Mali, cette union sacrée entre les deux grandes entités de rebelles (le mal de la nation malienne) du grand Nord doit interpeller l’ensemble de la classe politique malienne, du moins les animateurs politiques qui, des semaines durant, ont étourdi l’essentiel de l’action politique par des querelles de positionnement autres que celles qui, dans un bon sens, devraient être la réponse idéale pour sortir le pays du gouffre. Mais ils ont tout dit et tout fait, sauf l’essentiel.
Selon des sources dignes de foi, l’union d’intérêts entre le MNLA et les islamistes est de plus en plus manifeste. Malgré les tollés de la communauté internationale et de la CEDEAO, leur collaboration a atteint une certaine proportion angoissante. « Raflons un escargot » au passage (parlons d’autre chose). Sanogo fait le coup d’Etat et bénéficie d’une couverture d’ancien Chef d’Etat. Et deux mois plus tard, le Mali sombre dans l’incertitude avec la création d’un Etat islamique de l’Azawad, un Etat dans une République. Qui fait donc quoi et comment pour sauver le pays ? Une interrogation, comme tant d’autres, qui laisse le peuple souverain perplexe. Les populations des villes assiégées par les bandits d’Ançar Satan, que disons-nous, d’Ançardine vivent au rythme d’exactions et passibles de comparution devant la Cour pénale internationale (CPI). La preuve : les rapports publiés par certaines organisations humanitaires présentent les stigmates d’un désastre humain. Sans aucune forme de procès, le gouvernement malien rejette la création de cet État islamique. Ce nouvel accord et l'incertitude autour de la place d'AQMI dans «l'Azawad» les fragilisent encore un peu plus. Les autorités maliennes de transition ne cessent de signifier leur volonté de restaurer l'intégrité territoriale du Mali, dont le Nord s'est déclaré unilatéralement indépendant depuis le 6 avril dernier. Mais elles semblent impuissantes, d'autant plus qu'elles peinent jusque-là à s'imposer à Bamako même face à l'ex-junte du Capitaine Sanogo.
Aujourd’hui, sans la moindre retenue, les malfrats ont blessé le peuple malien dans son orgueil par des déclarations qui caressent l’allégresse. Une raison de plus pour le gouvernement malien d’appeler à la mobilisation des forces vives de la nation, la seule panacée pour parer à toute éventualité. Il y a deux jours, un collègue nous disait que les intérêts n’ont jamais uni : ce qui nous a paru paradoxal. Mais ensuite, tout ce qui nous est parvenu comme explication pour soutenir ces propos, c’est n’est pas facile de concilier les intérêts surtout lorsqu’ils sont aussi disparates que divergents. C’est dire que si elle tient, cette union ne peut et ne pourra unir longtemps des indépendantistes laïcs et des islamistes radicaux. Et cela, même si ces deux groupes de malfaiteurs ont combattu ensemble et sur la même ligne d’attaque contre les loyalistes.
Serge Lath
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