[caption id="attachment_51175" align="alignleft" width="300" caption="Le Niger a déjà accueilli plus de 28 000 réfugiés maliens. RFI/Laura Martel"]

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Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) redoute une nouvelle crise alimentaire dans le Sahel. Le Mali et le Niger sont confrontés à des problèmes de sécheresse mais également à un nombre très important de réfugiés ainsi qu’à des déplacements de populations, en conséquence des combats au nord du Mali. Le CICR a lancé, ce mardi 28 février 2012, un appel de fonds de 10 millions d’euros pour «
prévenir une crise humanitaire majeure » dans ces deux pays.
On redoutait la crise humanitaire due à la sécheresse de ces derniers mois et au manque de vivres qui en découlent. A cela sont venus s’ajouter deux autres phénomènes qui ont aggravé la situation.
Il y a eu le retour de Libye de plusieurs dizaines de milliers de personnes qui ont fuit les combats en 2011 – des Nigériens pour la plupart. Du jour au lendemain, des familles se sont vues agrandies avec des dizaines de bouches supplémentaires à nourrir et parallèlement à ce retour, l’envoi de l’argent par ces mêmes migrants a cessé.
Le deuxième phénomène dont les conséquences se sont avérées désastreuses pour les populations de ces deux pays : les combats au nord du Mali. Depuis le 17 janvier 2012, les combats entre l’armée malienne et les rebelles touaregs ont fait fuir près de 130 000 personnes vers les pays frontaliers. Le Niger a déjà accueilli plus de 28 000 réfugiés. Ces combats au nord du Mali ont également entraîné des déplacements internes et vidé plusieurs localités de leurs habitants. C’est le cas notamment à Ménaka où 26 000 personnes se sont vues obligées de quitter la ville et de se réfugier dans la brousse.
Il n’y a pas de camps de réfugiés au Niger
A ce jour et selon les chiffres avancés par l’Organisation des Nations unies (ONU) et par le CICR, 28 850 Maliens et Nigériens qui vivaient au Mali sont venus se réfugier dans la zone frontalière, côté Niger. Toutes ces personnes ont fuit les combats dans le nord du Mali et vivent actuellement, soit à l’intérieur des villages soit dans la périphérie de ces mêmes villages.
Pris en charge, jusqu’ici, par le CICR, toutes ces personnes seront dorénavant assistés par le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR). Des pourparlers avec le gouvernement nigérien sont actuellement en cours pour analyser la situation et voir comment toutes ces populations peuvent être installées dans des sites plus appropriés et bénéficier ainsi d’une aide mieux adaptée.
Joint par RFI, Germain Mwehu, chef de la communication du CICR à Niamey, pour le Niger et le Mali, évoque la situation dans la région de Tillabéry, dans l’extrême ouest du pays et qui comprend les départements de Filingué, Ouallam et Say.
Dans cette région, précise-t-il, il y a des villages où des populations n’ont presque plus rien à manger à cause, notamment, de la sécheresse qui s’est déclarée plus tôt que prévu suite à des périodes de pluie très courtes.
Germain Mwehu, chef de la communication du CICR à Niamey.
Voilà que cette population qui vit déjà cette situation de crise alimentaire est obligée d’accueillir des populations qui proviennent du Mali.
Les fonds de 10 millions d’euros demandés par le CICR sont destinés à venir en aide à 700 000 personnes au Niger et au Mali et plus précisément aux populations des régions de Kidal, Gao et Tombouctou dans le nord du Mali et des régions de Tillabéry et d’Agadez au Niger.
26 000 déplacés dans un dénuement total, dans le cercle de Ménaka, au Mali
Dans le cercle de Ménaka, au nord-est du Mali, 26 000 personnes ont fui les combats et quitté leur foyer pour se réfugier dans la brousse dans des conditions de dénuement total.
Joint par RFI, Aloua Deherat, président du conseil du cercle de Ménaka, vit aux côtés des populations dans cette région. Selon lui, ces personnes n’ont toujours pas reçu de vivres et ne pourront pas tenir très longtemps dans ces conditions.
Aloua Deherat, président du conseil du cercle de Ménaka.
Il n’y a rien ; il n’y a pas de nourriture. Je ne pense pas que les populations puissent tenir jusqu’à mars.
Le CICR assure qu’une distribution de vivres sera possible la semaine prochaine dans cette région de Ménaka. En raison de la pénurie dans tout le nord du Mali, le CICR est obligé de faire venir la nourriture de l’étranger et notamment de la Côte d’Ivoire.
mardi 28 février 2012
RFI