Élection présidentielle de 2012 : Dr Hamed Sow, conseiller spécial d'ATT, l'arme fatale du PDES

Août 17, 2011 - 18:30
Août 17, 2011 - 18:30
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Depuis l'annonce faite par N'Diaye Bah du choix d'un candidat à l'interne mais surtout depuis le retrait de la candidature de Ahmed Diané Séméga, tous les yeux sont à présent rivés sur un seul homme pour être le porte-étendard du PDES à l'élection présidentielle de 2012. Il s'agit du docteur Hamed Sow, ancien ministre de l'énergie, conseiller spécial d'ATT mais surtout principal rédacteur du projet de société sur la base duquel celui-ci a été réélu en 2007. Mis volontairement sous l'éteignoir à cause de ses démêlés avec l'union européenne, le président d'honneur du parti présidentiel pourrait rebondir à la faveur du premier congrès ordinaire de cette formation politique qui se tiendra très probablement courant dernier trimestre 2011. Avec son background impressionnant issu d'une solide formation dans les meilleures universités occidentales et un carnet d'adresses bien fourni à l'échelle internationale, il est outillé plus que quiconque au PDES pour tenir la dragée haute aux ténors de la classe politique et mener le Mali à bon port. Seule condition au sortir d'une longue léthargie : descendre comme un torero dans l'arène, se pavaner comme un tribun dans le prétoire, avoir du punch comme sur un ring.

A la création du Parti pour le développement économique et la solidarité (PDES) le 17 juillet 2010 dans une salle du CICB noire de monde le docteur Hamed Sow, ancien ministre de l'énergie et des mines, a été porté à la présidence d'honneur.

Si la surprise ne fut pas de taille et pour cause, nul par contre n'aurait vu d'un mauvais œil qu'il fut nommé président en exercice de la formation des amis d'ATT. Mais la politique a ses raisons que la raison même ignore.

Le père du PDES

Cependant dans la salle et fidèle en cela à ses habitudes, l'homme affichait un comportement digne et une sérénité à nulle autre pareille. Alors les spéculations allèrent bon train. Que s'est-il donc passé pour qu'on relègue dans les bas fonds le père du programme économique sur la base duquel ATT a été réélu en 2007 ? En l'absence d'une réponse claire à cette grave interrogation, certains susurrent qu'on lui a dit de se rapetasser, de se faire plus discret voire de s'effacer en attendant son heure. Surtout que les Bamanans disent qu'un serpent, pour vivre vieux, doit vivre caché.

Ce n'est pas pour rien que les partis politiques de façon générale attendent la dernière heure pour sortir leur jockey à l'élection présidentielle. Par calcul et par stratégie ils évitent qu'on flingue leur candidat avant même l'ouverture des hostilités. Selon cette logique, le PDES serait donc dans l'optique de préparer son arme secrète loin des brouhaha de la scène politique. Le retrait récent de la candidature du président du parti, Ahmed Diané Séméga, de l'élection présidentielle de l'année prochaine accrédite fortement cette thèse. Et ce sera une première (à part le cas de la SADI) dans le Mali démocratique que le président d'un parti politique ne soit pas son porte étendard à l'élection à la magistrature suprême.

Un technocrate pur et dur

Dans ce scrutin très personnalisé, Diané Séméga out, que sera le PDES sans Hamed Sow ? Incontestablement c'est le seul responsable du parti capable de tenir la dragée haute à des ténors comme IBK, Dioncounda Traoré, Soumaïla Cissé et autres. Exit Jeamille Bittar, N'Diaye Ba, Maharafa Traoré et même Hammadaou Sylla sur lesquels il déteint fortement. Le premier souffre de beaucoup de préjugés et est accusé à tort ou à raison de trainer des casseroles au niveau de la CCIM, le second est certes un politique aguerri mais manque totalement de charisme.

Quant au gourou de Banamba, avec sa barbe de messie, il est plus omnubilé par Bagadadji que d'arpenter la colline du pouvoir. Pour son baptême du feu, en effet, le parti présidentiel ne peut prendre le risque de brandir l'épouvantail d'un candidat à haut risque qui le précipitera dans les profondeurs de l'abîme.

Dans ce contexte les chances de l'éminence grise du président ATT ne sont pas à minimiser. Technocrate pur et dur, Hamed Sow est diplômé de l'institut national des sciences et techniques nucléaires de Sarclay en France. Il a un doctorat en économie de la production et a commencé à travailler comme ingénieur conseil puis directeur de deux grands cabinets d'expertise en France. Ensuite Hamed Sow est devenu le Directeur général du Centre pour le développement des entreprises (CDE) qui regroupe 77 Etats d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique ainsi que 25 pays de l'Union européenne.

Une grande expérience internationale

Après trente ans d'expérience à l'échelle internationale, il décide de rentrer au bercail pour se mettre au service de son pays. C'est ainsi que le président de la République Amadou Toumani Touré lui confie dans le premier gouvernement de son second mandat le poste de ministre des mines de l'énergie et de l'eau. Il quitte le gouvernement en septembre 2008 et devient dès le mois d'octobre de la même année Président directeur général de la société d'intermédiation financière AMIC-Invest. Il assure la présidence de la Holding basée à Dubaï et de la filiale de Hong Kong. Dr. Hamed Sow est le principal rédacteur du Programme de développement économique et social (PEDS) le projet de société d'ATT à l'élection présidentielle de 2007. Depuis déjà quelques mois, il assure les fonctions de conseiller spécial du chef de l'Etat.

Très charismatique et bien outillé pour la fonction présidentielle, comme on le voit, il a le profil du métier. Son nom avait même été cité un moment pour prendre les reines de la primature en remplacement de l'énigmatique Modibo Sidibé. Mais victime des visages pâles, il a démissionné de son poste de ministre dans la dignité, à la surprise des spéculateurs qui le voyaient définitivement retourner s'installer en Europe. Au demeurant l'opinion publique n'a jamais douté de son intégrité dans l'affaire de l'OLAF d'où il est sorti blanc comme neige. Rares sont d'ailleurs les politiciens maliens qui ne sont pas en sursis pour avoir trempé dans une affaire douteuse ou commis un acte de sédition.

Adossé à un parti de condottiéri aux allures de pacha, Dr Hamed Sow a tous les atouts dans sa manche. Le premier congrès ordinaire du PDES se tiendra probablement courant dernier trimestre de cette année. Et selon N'Diaye Ba un candidat sortira de leurs propres rangs. Mais une fois désigné, Hamed Sow doit sortir de sa torpeur pour haranguer les foules et montrer qu'il est un vrai tribun. Tout comme les autres tenors de la classe politique ruent dans les brancards. Et cela s'appelle hurler avec les loups.

Mamadou Lamine DOUMBIA

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