Les vrais obstacles à une paix durable au nord Mali

Fév 15, 2012 - 09:03
Fév 15, 2012 - 09:38
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En tant qu'observateur intéressé de la situation qui prévaut dans le nord de notre pays depuis des décennies, nous avons relevé cinq obstacles majeurs qui entravent le rétablissement de la paix : l'utilisation de la langue de bois, l'affaiblissement continu de l'Etat, la signature d'accords inapplicables, la marginalisation de la population sédentaire du Nord et le manque de loyauté des Etats Partenaires. L'utilisation de la langue de bois :ous entendons (surtout depuis ces derniers temps) les plus hautes autorités du pays demander à la population d'éviter l'amalgame pour ce qui est de la situation au nord du pays. Autant nous sommes de cet avis parce que nous demeurons convaincus que la large majorité des populations nomades du nord ne retrouve pas son compte dans la rébellion, autant nous nous posons des questions qui prêtent à confusion et dont les plus hautes autorités ne parlent jamais. - Pourquoi nous n'avons jamais entendu un responsable des communautés nomades dénoncer, ouvertement, les auteurs des enlèvements de véhicule, les trafiquants de tout acabit, les coupeurs de route et tous les autres bandits de grand chemin, qui sont tapis parmi eux et qu'ils connaissent très bien ? - Pourquoi, pendant que l'on fait semblant de sécuriser les véhicules de l'administration et des autres communautés en les garant à la gendarmerie ou à la police, les membres des communautés nomades arrivent à garer, sans crainte aucune, leurs propres grosses cylindrées, acquises on ne sait comment, devant leurs portes ? Voila des questions qu'on doit se poser dans les sphères de décision et dont les réponses et le traitement qu'on en fait permettent de tuer dans l'œuf le problème de l'amalgame. L'affaiblissement continu de l'Etat: Il n'y aura jamais de paix définitive tant que c'est  l'Etat qui quémande la paix. Il revient à l'Etat d'imposer la paix sur le territoire national en tout lieu et en toutes circonstances. Pour ce faire, il doit se doter des moyens adéquats et ne pas transiger sur des fondamentaux. - L'Etat doit se muscler quand il le faut et, surtout, ne pas laisser entrevoir des signes de faiblesse au moment de négocier avec une composante de la population. - On doit éviter de faire de certains Maliens (seulement parce qu'ils ont osés prendre des armes) des super-citoyens à qui on fait tout et on pardonne tout. Comment peut-on accepter de retirer l'armée de la moitié du territoire national et penser qu'on favorise la paix ? Comment peut-on créer dans le Nord des unités spéciales majoritairement composées d'ex-rebelles et commandées par des ex-rebelles et penser qu'on favorise la paix ? Comment des ex-rebelles intégrés dans les formes armées et de sécurité disparaissent et réapparaissent à leur guise, sans conséquence aucune, et on pense qu'on favorise la paix ? Comment les principaux négociateurs de l'Etat avec les rebelles ne sont que des membres de leurs communautés et on pense qu'on favorise la paix ? Comment les projets et programmes de développement dans le Nord sont exclusivement dirigés par des personnes dont la seule compétence en matière de gestion est d'être des membres des communautés nomades et on pense qu'on favorise la paix ? Comment des membres des communautés nomades, qui sont reconnus avoir commis des forfaits (vols, assassinats, trafics divers), sont au mieux arrêtés et libérés en catimini et au pire laissés libres en train de narguer leurs victimes, et on pense qu'on favorise la paix ? Si on veut la paix la rigueur de la loi doit s'appliquer sans faiblesse à toutes les composantes de la société.  La signature d'accords inapplicables : Dans tous les accords signés avec la rébellion (Pacte national, accords d'Alger notamment) l'Etat s'est engagé pour des choses qu'il ne peut pas réaliser. Ceux qui ont signé ces accords sont peut être de bonne foi, mais ils sont limités par les moyens. Un Etat ne doit pas prendre des engagements hors de sa portée. Dans ces accords l'Etat s'est engagé de façon inconsidérée à réaliser d'importantes infrastructures.  Après, il a été confronté à la dure réalité des moyens. C'est la preuve que l'Etat negociait en position de faiblesse et s'estimait obligé de tout accepter pour que les armes se taisent. Comment peut-on construire une paix durable en dilapidant sa crédibilité ? Le plus grave c'est que nos dirigeants ne regardent pas en arrière et ne se servent pas des erreurs passées lors de futures négociations. Regarder les propositions gouvernementales que Jeune Afrique nous a ressorti pour ce qui est des dernières discussions à Alger ? On s'engage à créer un Etat dans l'Etat et on s'en fout des conséquences locales et nationales que cela peut engendrées. La marginalisation de la composante sédentaire de la population : On ne peut pas faire la paix au Nord en ne donnant pas aux populations sédentaires la place qui leur revient. Ces populations partagent le terroir avec celles nomades, et elles connaissent mieux que quiconque leur mentalité et leurs comportements. Aujourd'hui c'est une minorité de la communauté nomade qui a pris tout le monde en otage (Etat et majorité nomade). Cette minorité a trouvé dans la rébellion son fonds de commerce. Tant qu'elle trouvera devant elle un Etat faiblard et une majorité nomade (complice passive) prête à partager les bénéfices avec elle, il n y aura pas de paix. Ceux qui nourrissent la rébellion et qui n'ont pas intérêt à ce qu'elle prenne fin sont ceux là (responsables nomades soient disant chefs de fraction ou de tribu) qui se sont imposés comme intercesseurs indispensables. C'est eux qui tirent les ficelles. On ne les a jamais entendu livrer ou dénoncer les bandits de grand chemin qu'ils connaissent bien et pour lesquels ils sont prêts  à faire des interventions intempestives auprès des plus Hautes Autorités en mettant au passage le bâton dans les roues des agents de l'administration publique à tous les échelons. C'est encore eux qui, à travers des découpages administratifs répétés, inopportuns et inadaptés, cherchent à planifier une domination des populations nomades minoritaires sur les populations sédentaires majoritaires. L'Etat et les composantes sédentaires de la population du Nord doivent d'ores et déjà prendre leurs responsabilités et jouer leurs partitions pour faire aboutir la paix et le développement sur des bases égalitaires solides. Le manque de loyauté des Etats Partenaires Il n'y a pas plus aveugle que celui qui ne veut pas voir. L'Algérie demeure le lieu de repli des bandits armés chaque fois qu'ils sont acculés. Les médias algériens restent leurs outils de propagande par excellence. La France reçoit en toute solennité des représentants d'une rébellion en gestation, qui lui propose ses services, sans informer son partenaire malien qui ne voit rien venir. Ces médias publics servent de relai pour la défense d'une soit disante cause touarègue qui n'a jamais existée. Elle attend que ses obligés préparent bien leur coup, attaquent par surprise, et occupent une bonne partie du territoire pour venir se moquer du peuple malien. J'étais au courant que quelque chose se tramait, je reste votre amie, et je vous demande de faire taire les armes pour que je voie comment vous aider. Qui est dupe? La plus grave erreur que nos dirigeants commettront et pour laquelle l'histoire les rattrapera, c'est d'accepter le statu quo actuel, et d'engager des discussions quelconques avec les assaillants avant de les chasser des zones occupées. Si la situation actuelle perdure pendant deux (2) mois encore nous tomberons infailliblement dans la guerre civile. La priorité doit être de redéployer les forces armées et de sécurité sur l'ensemble du territoire national. Pour ce qui est de la Mauritanie, il faut faire le rapport entre ce qu'on lui a concédé (une occupation d'une partie de notre territoire pour satisfaire sa soif de guerre) et la propagande officielle qu'elle mène pour décrédibiliser notre pays.  Les choses sont suffisamment claires maintenant il faut qu'on puisse échanger " les yeux dans les yeux " avec ses trois (3) pays et prendre nos dispositions en conséquence. Si pour sécuriser notre pays nous avons besoin d'autres alliances il faut avoir le courage de le faire et l'honnêteté de le dire. Abdoulaye  MAIGA* Kalaban Coura  / Bamako

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