Magouilles à la fonction publique : Les auteurs sont-ils intouchables ?

Octobre 19, 2012 - 04:24
Octobre 19, 2012 - 10:33
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L’annulation des arrêtés d’intégration de quelques 263 fonctionnaires de l’Etat risque d’être interprétée comme une politique de deux poids deux mesures, tant que les auteurs de ces recrutements frauduleux  ne sont pas poursuivis et traduits devant les juridictions compétentes du pays. Car les décisions en question ont été dûment signées par une autorité légitime. Ne pas aller jusqu’au bout de ce toilettage administratif prouve à suffisance que le ministre de la Fonction publique, de la Reforme administrative, chargé des Relations avec les institutions, Mamadou Namory Traoré, fait preuve d’un manque de cohérence qui ne l’honore pas. Si ça décision est motivée par un souci de bonne gouvernance et de donner à l’administration les moyens de sa performance, alors il doit aller jusqu’au bout en dénouant toute la chaîne; ainsi nous applaudirons les mesures et l’accompagnerons activement. Si par contre la mesure s’inscrit dans un processus politique ou syndical de règlements de comptes ou de chasse aux sorcières, alors nous allons la combattre jusqu’à la dernière énergie parce qu’elle serait injuste. Les radiés ne sont que des corrupteurs dans un système corrompu, alors il existe des corrompus, les recruteurs ? Bénéficient-ils d’une protection quelconque, alors qu’ils doivent être poursuivis par l’Etat pour corruption avèrée, faute de gestion caractérisée, faux et usage de faux ?   . [caption id="attachment_73360" align="alignleft" width="250"] Mamadou Namory Traoré[/caption] Au fond, la décision est salutaire, mais dans la forme elle pèche par déficit de  transparence; c’est pour cette raison que beaucoup de voix s’élèvent pour la contester. Vouloir assainir l’administration publique est un acte de gestion patriotique salutaire et conforme aux principes de bonne gouvernance, mais à condition que cela soit fait dans la transparence, l’équité et la justice. Si un seul cas échappe à la mesure, celle-ci devient impopulaire parce qu’incohérente. Il faut se donner les moyens de la politique qu’on veut mener en éliminant en amont toutes les marges d’erreurs. La communication est nécessaire pour expliquer à la société le pourquoi d’une telle mesure et quelles sont les voies de recours qui s’offrent aux radiés qui, d’un autre côté, sont victimes de l’Etat à travers les agissements de quelques-uns de ses agents véreux, qui doivent aussi payer. Donc la décision de radiation est jusque-là inachevée et très légère, surtout quand on sait que le directeur national de la fonction publique, Sidi Traoré, est resté à son poste de directeur. Que dire de l’ancien ministre de la Fonction Publique, Abdoul Wahab Berthé, qui a signé les décrets ou arrêtés d’intégration des dits fonctionnaires, il doit être entendu pour que son niveau de responsabilités soit situé. Si on veut être juste, on doit veiller à ce que la loi s’applique à tous de la même manière. A moins que ces supers maliens n’aient un permis d’impunité. En guise de rappel, il s’agit de 263 fonctionnaires  qui ont frauduleusement intégré la fonction publique, simplement parce qu’ils avaient « des bras longs » bien placés dans les hautes sphères de l’Etat, pour certains ; parce qu’ils ont payé des sommes sonnantes et trébuchantes pour d’autres. Mais chasser certains en laissant d’autres comme le cas des enfants du directeur national, Sidi Traoré et celui de Moussa Katilé, Directeur des ressources humaines du Ministère de l’administration territoriale, plus une soixantaine d’autres cas, est un acte dangereux non seulement pour la crédibilité de nos institutions, mais aussi et surtout pour celle de ceux qui les incarnent aujourd’hui, au sein du gouvernement de la transition. On se souvient encore que quand ce même Mamadou Namory Traoré était Ministre de la Fonction publique, de la Gouvernance et des Réformes Administratives et Politiques dans le premier Gouvernement de Mr Cheick Modibo Diarra, il avait tenté, à l’époque, sans succès, de radier 2000 fonctionnaires détenant, disait-il, des faux diplômes. L’affaire avait fait beaucoup de bruits et finalement, elle a été abandonnée.  La loi est très claire, on ne peut laisser certains fonctionnaires assumer des fonctions administratives au sein de l’Etat avec des faux diplômes  et exclure des détenteurs de bons diplômes, sous le prétexte qu’ils n’ont pas passé par le concours. La seule carte qui reste au ministre Namory, c’est la radiation pure et simple de tous les agents concernés (faux diplômes, mal intégrés  et autres), l’organisation d’un concours d’entrée à la fonction publique pour occuper les postes vacants et aussi de poursuivre en justice tous les présumés animateurs de cette mafia. Il aura ainsi fait preuve de transparence dans ce cas, mais s’arrêter à de simples radiations est un signe d’incompétence, d’appartenance clanique,  ou de promotion de l’arbitraire; autant de dérives auxquelles le peuple malien a décidé de mettre un terme  et il vous a l’œil M. le ministre. Si réellement vous êtes libre, compétent et juste, les maliens vous conseillent d’aller jusqu’au bout. Si vous avez les mains liées par des lobbies ou les autorités supérieures, alors dénoncez-les et vous serez soutenu par les populations; si en revanche vous n’avez pas le courage de les dénoncer, alors il vaut mieux pour vous, pour votre carrière, pour votre famille et pour l’histoire, que vous démissionniez. Car si de manière générale, l’idée de gouvernance renvoie au management opérationnel des différents pouvoirs en présence, la « bonne gouvernance » elle, qui est exigée de vous les dirigeants, indique l’exigence d’un gouvernement des hommes et d’une administration et gestion des biens qui soit démocratique et efficace, et donc juste et responsable, fondé sur le droit et l’équité, la transparence et l’implication des citoyens à tous les niveaux du processus. A partir de ce moment, nul dirigeant ne peut plus se dérober par rapport à ses responsabilités. Une autre chose monsieur le ministre, après les jeunes diplômés, le cas des « Papis » qui falsifient leur âge pour rester fonctionnaires à vie sera t il passé à la loupe ? Boniface Dembélé

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