Les observateurs en conviennent unanimement : le président du Rassemblement Pour le Mali, Ibrahim Boubacar Keïta, s'est engouffré dans une position inconvenable et s'est placé du très mauvais côté face à la dualité où s'est inscrite la classe politique, suite au bouleversement survenu le 22 Mars 2012 et qui partitionné le microcosme politique malien en adeptes et contempteurs de la junte militaire. Mais le locataire de Sébénikoro, en dépit d'un isolement de plus en plus évident en dehors au-dedans de sa famille politique, semble plutôt s'en complaire. Ce faisant, il suscite tant d'interrogations quant aux motivations profondes d'un positionnement aussi subversif qu'inattendu.
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Ibrahim Boubacar Keïta, une fabrication de la démocratie malienne et pur produit du mouvement démocratique auquel il doit tant, suscite manifestement plus d'interrogations qu'il ne contribue à apporter de réponse à la kyrielle de d'équations qui se posent actuellement à la nation malienne. Contre toute attente et à la stupéfaction de beaucoup d'observateurs, il a visiblement préféré se positionner pour la récupération du pouvoir que de se rendre utile à la patrie en renonçant un temps soit peu aux ambitions qui déchirent le pays. Il a en effet jugé opportun de quitter la mouvance démocratique anti-putsch, le FDR, pour des raisons qui laissent pour le moins perplexe et dont il faisait large étalage à la faveur d'une conférence des cadres consécutive à sa démarcation officielle par correspondance adressée à cette fin au président du Front par le Collectif IBK-Mali 2012. Par cette démarche, le président et candidat du RPM s'inscrit dans une rupture avec le Front pour la Sauvegarder de la Démocratie et de la République, au profit des ''juntistes'', un camp dont il n'avait du reste jamais pris une distance plus nette que ses prises de position confuses mises à nu par le Dr. Oumar Mariko du parti SADI.
Sa démarcation vis-à-vis du Front consacre néanmoins une allégeance désormais effective et sans ambages aux putschistes du 22 Mars qui, par delà un consentement à ouvrir une brèche au processus du retour à l'ordre constitutionnel, s'illustrent à tout le moins par des actes et attitudes abominables au point de les rendre de moins en moins fréquentables aux yeux de tout démocrate convaincu et digne de ce nom. Et pour cause : les enlèvements de responsables militaires et civils, l'usage de méthodes de gangs pour ce faire, les exactions et autres formes d'atteinte aux libertés et à intégrité physique des paisibles citoyens, entre autres abus d'un autre âge, sont légion et persistent contre toute tendance de retour à la normalité tel que préconisé dans l'accord-cadre passé avec la CEDEAO. Toutes choses qui heurtent manifestement l'éthique en politique et jurent avec les principes sacro-saints de la démocratie et de l'Etat de droit. On peut dès lors comprendre pourquoi certains fidèles parmi de loyaux collaborateurs d'IBK affichent beaucoup moins d'entrain et éprouvent autant de gêne à jouer pleinement leur partition dans la symphonie que leur impose actuellement la surprenante et triviale position du mentor.
Annoncé dès la conférence des cadres de la rupture avec le FDR, événement boudé par certains cadres, le malaise que la nouvelle donne créé dans la famille des Tisserands a été davantage perceptible à la dernière plénière parlementaire du jeudi dernier. Les députés RPM, à défaut de pouvoir joindre leur voix au torrent de dénonciations publiques des arrestations opérées dans les rangs de parlementaires par la junte, ont été tout de même contraints d'adhérer à la résolution qui en a découlé, à travers un vote massif en faveur du texte. Les indices de défection de responsables RPM à la position de son président ont été en outre mis en exergue, avant-hier samedi, lors du méga-meeting organisé par le FDR. Lequel événement a enregistré une forte présence de personnalités du Collectif IBK Mali 2012 pour protester contre les pratiques antidémocratiques de la junte militaire du 22 Mars 2012. Parmi eux on dénombre, à en croire du moins des témoins oculaires, le Secrétaire Général du RPM en personne, Bocari Tréta, crédité par ailleurs d'une tacite désolidarisation des choix de son président.
Nonobstant, le président et candidat du Rassemblement Pour le Mali, Ibrahim Boubacar Keïta, continue de se complaire dans un isolement où il mise double à tous points de vue. Lors de la dernière conférence des cadres des Tisserands, il en tirait paradoxalement gloriole de son esseulement en mentionnant que le RPM, son parti, n'a jamais été que seul à chacun des épisodes ayant concouru, selon lui, à la situation actuelle du pays. Il faisait en clair allusion, avec une apparente délectation, à l'Accord d'Alger qui, à ses yeux, aurait occasionné un dégarnissement des positions de l'armée malienne dont les assaillants rebelles ont su allégrement profité. C'est la justification donnée par IBK à son penchant pour une singularisation qui tend à isoler d'abord son parti sur la scène des grandes formations politiques malienne, ensuite sa personne dans sa propre famille politique.
A.Keïta