[caption id="attachment_57942" align="alignleft" width="245" caption="Des participants à un rassemblement de soutien à la junte dans le stade du 26 mars à Bamako au Mali le 31 mars 2012 © AFP Issouf Sanogo"]
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BAMAKO (AFP) - (AFP) - "Hier Kidal, aujourd'hui Gao. Où ces rebelles vont-ils s'arrêter?", se demande Ibrahima Togo, inquiet à l'instar de nombreux habitants de Bamako face à l'avancée des insurgés touareg dans le nord du Mali.
Ibrahima participait samedi matin à un nouveau meeting pour soutenir la junte militaire qui a renversé le 22 mars le président Amadou Toumani Touré (ATT).
En attendant le début de la réunion, il a "appris que les rebelles sont entrés à Gao (nord-est)", principale ville du nord désertique malien et capitale d'une des trois régions administratives du nord avec Kidal (extrême nord) et Tombouctou (nord-ouest).
Vendredi, des combattants de groupes islamiques et d'un mouvement rebelle touareg avaient déjà pris le contrôle de Kidal.
Les rebelles touareg mènent depuis mi-janvier une vaste offensive dans le nord, les garnisons gouvernementales tombent les unes après les autres et le nord-est du pays est désormais en grande partie sous leur contrôle.
"Où ces rebelles vont-ils s'arrêter?", répète Ibrahima, étudiant en 4e année de géographie, venu en survêtement de sport pour soutenir la junte, dans les gradins du Stade du 26 Mars à Yirimadio (sud-est de Bamako). "Il faut vraiment chercher une solution à ça", dit-il en secouant la tête.
Ndankou Diaouné, mère de famille en boubou et écharpe, est aussi inquiète. "Je suis là pour mon pays, pas contre ATT. Ca n'allait déjà pas, il faut qu'on alourdisse notre fardeau avec cette guerre", regrette-t-elle.
"ATT n'a pas fait grand-chose" contre les rebelles, "les jeunes se sont fâchés et ont pris le pouvoir mais le mal continue. Maintenant, tout ce qu'on peut faire, c'est prier Dieu pour la paix. On veut la paix, on a besoin de la paix", ajoute-t-elle.
Un sentiment largement partagé par les participants d'un autre rassemblement samedi à Bamako, apolitique celui-là, oecuménique et en faveur de la paix, à l'appel des dirigeants des instances religieuses du pays.
"Et après, ce sera Tombouctou?"
Au Stade Omnisports Modibo Keïta, à Médina Coura (proche du centre-ville), quelque 25.000 musulmans, catholiques et protestants --selon les organisateurs-- ont repris en choeur des messages en faveur de la paix, récité des sourates ou en français à la suite des orateurs.
Au pupitre sur un podium installé sur la pelouse, Thierno Hady Thiam, prêcheur musulman réputé au Mali, suscite des réactions de colère en énumérant les localités déjà conquises par les rebelles.
"Et après, ce sera Tombouctou? Et après Tombouctou, ce sera Ségou? Et après Ségou, Bamako?", lance-t-il, en invitant à "un sursaut national", en taisant les querelles politiques, entre partisans et détracteurs des putschistes. "Sauvons d'abord le Mali!".
"L'heure est grave", et "la dernière nouvelle" venue de Gao "ne peut que nous attrister davantage", dit à son tour l'archevêque de Bamako, Monseigneur Jean Zerbo, soulignant que de nombreux Maliens ont en ces heures en tête la même question: "Qu'allons-nous devenir?". Il exhorte à l'espoir et prie pour la paix. "Notre souci premier est la recherche de la paix".
Quelques minutes auparavant, au même pupitre, Mahmoud Dicko, chef du Haut conseil islamique du Mali (HCIM), a tenu le même discours, presque incantatoire.
"Que la paix vienne dans nos coeurs, nos villages, notre pays. Dieu seul peut nous apporter la paix". "Amiiina (Amen)! , lui a-t-on répondu en choeur dans les gradins.
AFP
17:53 - 31/03/12