L’idée d’une transformation de la Misma en opération onusienne a fait son chemin lors du sommet de la Cédéao qui s’est tenu pendant deux jours.
«
Il est essentiel de créer les conditions de transformation de la Misma en opération de maintien de la paix », a déclaré Alassane Ouattara, avant d’ajouter qu’il souhaitait, à ce titre, «
une étroite coordination entre la Cédéao, l’Union africaine, les autorités maliennes et le Conseil de sécurité pour définir un mandat conforme à nos objectifs de maintien de la paix et de lutte contre le terrorisme » a-t-il précisé, en clôture du sommet.
Certains responsables ont cependant souligné que la question de cet éventuel et nouveau mandat de la Misma devait être examinée attentivement. Selon l’ambassadeur français à l’ONU, Gérard Araud, le Conseil de sécurité de l’ONU a d’ores et déjà demandé au secrétaire général, Ban Ki-moon, de présenter un rapport, avant fin mars, sur la faisabilité d’une telle mission. En attendant, les combats dans le nord du Mali se poursuivent et les problèmes concernant le déploiement de la Misma sont toujours d’actualité.
Priorité à la mobilisation des fonds
Le président en exercice de la Cédéao a de nouveau appelé, en clôture de ce sommet, les pays africains et les partenaires extérieurs à mobiliser les 455 millions de dollars promis fin janvier, destinés à la Misma et à l’armée malienne.
Pour l’instant, les promesses n’ont pas été tenues, ce qui entrave le déploiement de la force africaine ainsi que le projet de la Cédéao qui est celui de porter à 8 000 hommes, le nombre de ses soldats présents sur le sol malien, contre les 6 000 promis. Pour atteindre ce dernier objectif, la Cédéao a d’ailleurs fait savoir qu’elle avait besoin d’un budget de «
950 millions de dollars », autrement dit, plus du double promis.
La Misma est censée prendre le relais de l'armée française qui, depuis son intervention le 11 janvier, mène la chasse aux groupes jihadistes dans les grandes villes du nord du Mali mais le déploiement de la force africaine est jugé lent. Peu d'effectifs se trouvent au Nord et on ne sait pas, précisément, ce que font ces troupes ouest-africaines.
Pour le moment, seuls les contingents français (4 000 soldats) et tchadien (environ 2 000 hommes) se trouvent en première ligne face aux jihadistes qui ont opté pour la guérilla et les attentats-suicide dans le nord du Mali. Les tchadiens ont déjà payé un lourd tribut avec 27 soldats tués ces derniers jours.
Une situation qui a suscité l’impatience du Tchad. Lors de l’ouverture du sommet, mercredi, le président tchadien Idriss Deby a vivement souhaité le déploiement de la Misma - au complet - et de l’armée malienne, dans la région, pour combattre avec les soldats français et tchadiens. «
L’heure n’est plus aux discours (…) mais plutôt à l’action », a-t-il déclaré avant d’ajouter que «
l’ennemi n’attend pas ».
Joint par RFI, le lieutenant colonel Diarran Koné, chargé de la communication au ministère malien de la Défense, réagit aux propos du président tchadien.
Lieutenant colonel Diarran Koné
Chargé de la communication au ministère malien de la Défense.
La Misma est en train de faire monter, progressivement, ses éléments.
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L’inertie de la Misma
Difficile de connaître, avec précision, les effectifs de la Misma. Les Français parlent de 3500 hommes ; à l’état-major de la Force ouest-africaine, on annonce 6000 hommes. Quel type d'opérations mènent-ils ? Là encore, difficile d'obtenir une réponse claire. Les problèmes de financement pourraient expliquer l'inertie de la Misma. L'intervention française, à la mi janvier, a donné un coup d'accélérateur au processus de déploiement militaire de la Cédéao.
Conséquence : il a été demandé aux Etats africains, contributeurs de troupes, de financer le déploiement de leurs soldats pendant les trois premiers mois, le temps que des contributions internationales soient décaissées. Alors, certains Etats trainent-ils les pieds pour fournir des moyens suffisants ? Il y a, en tout cas, de nombreux problèmes de logistique, notamment en termes de transport de troupes.
Le président tchadien - dont les soldats sont seuls à mener des combats avec les Français dans l'extrême nord du pays - paye lui une lourde facture en pertes humaines. C'est ce qui a, sans doute, incité Idriss Deby à réclamer le déploiement de la Misma dans les zones libérées et à demander à l'armée malienne de rejoindre le front.
Les contingents de la Misma iront-ils en première ligne combattre les jihadistes dans les Ifhogas ? Rien n'est moins sûr. Les chefs d'Etat de la Cédéao soutiennent le projet de la transformer en Mission de maintien de la paix de l'ONU. Le secrétaire général, Ban Ki-moon, devrait présenter un rapport d'ici la fin du mois de mars sur la faisabilité du projet.
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Par
RFI