Jamais depuis qu’il a renversé le pouvoir d’ATT, le Capitaine Amadou Haya Sanogo n’a autant donné l’impression d’être engagé sur une pente raide, sans retour. Des défis mettant en balance jusqu’à sa vie, il en a connu et en est sorti victorieux, accomplissant dans un pays et dans un environnement fortement sollicités par l’instabilité politique et sociale à défaut de gérer la transition la prouesse de ne pas retourner dans les casernes.
[caption id="attachment_68784" align="alignleft" width="310" caption="Amadou Haya Sanogo, président CNRDRE"]
![](http://www.maliweb.net/wp-content/news/images/2012/05/Amadou-H-Sanogo.jpg)
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Mais, celui qui a pu réaliser un coup d’Etat qui a ravi le pouvoir à ATT, enfreint l’accord cadre signé entre le CNRDRE et la CEDEAO, sans trop d’anicroches et qui a su surmonter moult contestations politiques, sans compter les menaces de la communauté internationale, se trouve aujourd’hui vidé et abandonné par la baraka. C’est comme si après les grandeurs, il devait faire face à la décadence.
Fini le sacre, bonjour le massacre, mais une déveine qui semble annoncer un chant des cygnes.
Beaucoup traduisent cet état de choses par l’adage qui prévient que « lorsqu’un âne veut vous faire chuter, vous rechercherez en vain ses oreilles pour vous y accrocher »
En effet, tout devrait pousser le Capitaine Amadou Haya Sanogo à comprendre qu’après la signature de l’accord cadre, il devrait retourner dans les casernes ou du moins s’effacer. Mais tout ce qui ont subi les récentes sorties du capitaine à la télévision nationale et l’interpellation du régisseur de la Maison centrale d’arrêt de Bamako par le CNRDRE à Kati suivi de l’irruption d’une trentaine d’hommes de rang dans les locaux de la chaine de télévision Africable, se sont rendus à l’évidence que, l’homme est toujours aux affres, pardon, aux affaires. Et en conséquence qu’il mobilise ses hommes pour se préserver physiquement et moralement devant l’histoire. Ce souci de l’ancrage dans le temps, pour un homme aussi accroc du pouvoir devrait au moins inspirer une telle décision.
Pourtant la seule année qui reste (et qui ne peut servir à concevoir et à mettre en œuvre des projets de société) ne semble pas constituer un vaste chantier d’investissements institutionnels, politiques pour garantir cette transition politique au Mali. Ni les mises en garde persistantes consécutives à l’agression du Président Dioncounda Traoré, ni les sanctions internationales contre le CNRDRE et son président, ne constituent un déclic pour mettre le grand ordre au terme de cette transition.
Ce ne sont pas en effet les alertes qui manquent. Loin de là. En national, les problèmes devenus structurels se résument dans l’emballement de l’insécurité au Nord, de la crise à Bamako, des formes démultipliées de désobéissance civile et d’insoumission à l’autorité de l’Etat. A cela s’ajoute la désagrégation en cours de la classe politique malienne.
En International, la situation au Sahel et plus généralement les progressions du terrorisme au Mali, constituent un autre sujet de préoccupation.
Pour ne pas arranger les choses, la facilitation au Mali se retourne contre le peuple.
L’accord dit cadre signé entre la CEDEAO et le CNRDRE du capitaine Sanogo et la rébellion au Nord-Mali ont conduit à des désaveux cinglants : rejet par la l’ONU et la CEDEAO du statut d’ancien chef d’Etat reconnu au capitaine Sanogo, exigence de reformer le gouvernement, demande de dissolution du CNRDRE …
Tout devrait pousser le Capitaine Sanogo à retourner dans les casernes pour sauver ce qu’il peut encore sauver.
Pendant longtemps, il a cherché à s’investir l’international (surtout à travers les facilitations) pour avoir les armes de sa protection pour le temps d’après ; le plan avec cette défaveur qu’il connaît de plus en plus (CEDEAO, Union Africaine ….) et qui ne risque pas de s’arranger avec l’entrée dans la danse du conseil de sécurité de l’ONU (dont il ne pourra attendre ni protection ni compromission) prend de l’eau. Déjà de nouveaux axes semblent se dessiner autour du CNRDRE et du capitaine.
Pourtant, le capitaine continue de rouler comme avant. Sans respecter les accords signés, dans l’isolement le plus total, comme si l’armada de conseillers qui lui sont attachés ne servaient à rien.
La conclusion qu’on en vient à tirer, c’est que de deux choses l’une: ou bien tout à fait déçu, blasé, gagné par le blues sidéral du pouvoir, il a décidé de jouer autrement ( après moi le déluge ) , ou bien il est gagné par le syndrome des putschistes rédempteurs, messies, éternels; et il est persuadé qu’on aura toujours besoin de lui et qu’il lui suffit de savoir faire le dos rond …
Le Capitaine Dadis Camara pensait aussi la même chose si le rappel peut encore servir. Alors à bon entendeur salut.
Jean Pierre James