Mme Seck Oumou Sall, les siens et le PDES : Les dessous d’un coup de tonnerre chez les amis d’ATT

Octobre 3, 2011 - 18:30
Octobre 4, 2011 - 15:04
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L’officialisation de la démission de la maire de la Commune urbaine de Goundam, Mme Seck Oumou Sall, avec sa base, du Parti pour le développement économique et la solidarité (Pdes), n’est pas de bon augure pour les amis du Président ATT. Cette décision révèle une crise d’autorité profonde qui couve au sein du Pdes.

Pour mieux comprendre l’origine de cette démission, il faut remonter à la désignation des points focaux avec le choix du très controversé député Oumar Boury Touré dit Bill comme point focal à Goundam. Une forte composante des militants à la base dont de nombreux conseillers se réclamant du Pdes, contestent le choix et adresse une pétition à la direction du parti. De l’avis des pétitionnaires, l’honorable Touré n’est pas le responsable idéal pour faire  avancer le parti dans le cercle. A leurs yeux, la maire Mme Seck Oumou Sall est la seule qui a l’étoffe pour réussir l’implantation du parti dans un milieu où l’Adema et l’Urd se disputent le leadership. Comme pour donner raison à ceux qui avaient déclaré que ‘’cet homme sans racine politique’’ n’a pas la carrure d’un secrétaire général du parti, Maharafa Traoré brille par son indifférence. Fort du soutien de son mentor, l’honorable Bill se précipite pour mettre sur pied la coordination de Goundam, sans les structures de base que sont les cellules et les comités. Ce jour-là, il avait fait recours à une population nomade non loin de Goundam, pour venir applaudir le bureau établi et nommé à Bamako. La même nuit, juste après la mise en place de son bureau fantoche, Bill ne dort pas à Goundam,  il quitte sa ville natale dans la plus grande précipitation.

Il envoie la liste à l’instance dirigeante du parti qui refuse de valider son bureau. Pour trouver un terrain d’entente, les responsables confient à quelques uns la mission de trouver une solution à cette crise. Sous l’égide de Seydou Cissouma, baron du Pdes et ex-conseiller à la présidence de la République, la commission rencontre, écoute toutes les tendances et produit, en violation des statuts et règlements du parti, un rapport dont ‘’Le Challenger’’ a pu se procurer une copie. Ce rapport rédigé quelques jours auparavant par un membre de la tendance de Bill, prévoyait la création de nouveaux postes. La commission dont l’attention a été attirée sur l’illégalité de sa démarche, renvoie l’affaire sur la table du président. De réunion en réunion, on arrive à un compromis. Pour mettre  tout le monde à l’aise, une démarche ‘’consensuelle’’ est proposée. C’est le 2ème vice-président, l’ancien ministre de l’artisanat et du tourisme, N’Diaye Bah, qui a rédigé la décision autorisant la reprise ‘’consensuelle’’ des élections à Goundam. Mais au moment où la décision devait être signée par le président du Pdes, Hamed Diane Séméga, un des responsables qui a pris part à la rencontre, se confie à Maharafa Traoré.

 Séméga déçu et Maharafa Surpris !

Devant le tout-puissant ministre de la Justice, Garde des sceaux, mais piètre politicien, l’intéressé renie sa parole donnée. Alors, sans autre forme de procès, Maharafa Traoré met le veto sur la décision. En sa qualité de coordinateur du Pdes en 6ème région, il prend l’initiative d’une rencontre.  Mais en réalité, il souffle le chaud et le froid.

En public, il tient un langage  fédérateur. ‘’Je ne veux pas perdre Oumou, ni Bill’’’. Mais en privé, il ne cache pas qu’il a choisi son camp en optant pour la tendance Bill. Et cela depuis l’éclatement de la crise. A cette fameuse rencontre qui a eu lieu dans l’après-midi du 28 septembre dernier, le secrétaire général prépare un grand coup avec la complicité de son protégé. Ils engagent deux individus chargés de tenir des propos malveillants à l’endroit de la maire qui n’a pas daigné acquiescer ses provocations. Selon un responsable qui a assisté à la rencontre, Mme Seck Oumou Sall a su garder son calme. Dans la salle où elle se permet de donner des accolades à Bill, Mme Seck ne laisse rien transparaître de ses intentions. Mais sa décision est déjà reprise en large concertation avec sa base. Vers 22 heures 30 mn, le président du Pdes est informé.

Dans la matinée du 30 septembre, Hamed Diane appelle Maharafa pour annoncer la nouvelle du départ de Mme Seck et des siens. Le secrétaire général affiche un air surpris, vu que la veille, tout semblait aller pour le mieux dans le meilleur des mondes possible ! La même matinée, la lettre de démission arrive au siège du parti. Véritable coup de tonnerre chez les amis du président ATT. Malgré quelques réticences, celui qui est venu avec le courrier arrive à le déposer. Hamed Diane Séméga fait part de sa déception et confie à un proche qu’il ne compte pas accepter cette décision. Il promet de gérer l’affaire, le plus rapidement possible. Mais Oumou semble avoir décidé de rompre définitivement les amarres avec le Pdes. Cette fois-ci, ses proches estiment que trop, c’est trop. La solution serait au bout d’une reprise consensuelle. Mais pourquoi Maharafa et Bill refusent-ils la reprise des élections ? De quoi, ont-ils peur ? Pour qui roulent-ils ? En tout état de cause, cette démission enlève les feuilles sur les colas des responsables du Pdes. Et il n’est pas exclu que d’autres démissions suivent. A suivre !

 

 

Par Chiaka Doumbia   Le destin d’une femme énigmatique !Taille moyenne, teint légèrement clair, beau visage calme reflétant calme et innocence, Mme Seck Oumou Sall, 22ème vice-président du Pdes, ne présente pas, apparemment, l’allure d’une femme politique de poigne. Et pourtant, elle n’en demeure pas moins une. Dans une zone largement conservatrice, il n’était pas évident pour elle de devenir maire de la commune urbaine de Goundam. Ni la plus riche, ni la plus instruite de la commune urbaine de Goundam, c’est pourtant en elle que la population a bien voulu placer sa confiance pour conduire la destinée de sa commune. Mais cela n’est pas gratuit. Les amis et même certains détracteurs de Mme Seck Oumou Sall lui reconnaissent, en plus de son niveau de culture générale et de sa capacité d’écoute, de grandes qualités : modestie, respect de l’autre, constance, intégrité, cultivée, attentive, sage,

Femme d’affaires téméraire, la vie politique de Mme le maire ne sera pas de tout repos à cause de rudes adversités. Sur elle, tout a été dit. Et tout a été utilisé contre elle. Mais au fil des années, elle s’est forgé une solide réputation sur ce terrain qui est habituellement la chasse gardée des hommes.

Elle finira par être réélue pour un second mandat. ‘’ De par sa volonté, son engagement, sa motivation, ses talents et surtout son envie de toujours faire mieux pour le développement de Goundam, Oumou Sall a fait aujourd’hui de Goundam une commune au rendez-vous du développement universel’’, a écrit en 2009 Dramane Traoré, ressortissant de Goundam dans une lettre envoyée à ses concitoyens. Pour cet enseignant au second cycle Inemassa  Cissé du Cap de Bozola, Oumou Sall est ‘’une femme aux idéaux nobles et aux ambitions énormes.’’

Depuis sa descente sur le terrain politique, elle s’est fixé une ligne de conduite : la défense des idéaux du président ATT. Celui-là même grâce à qui, elle s’est finalement retrouvée sur le terrain politique. Un jour, elle nous a confié ses impressions sur celui qu’elle considère à juste titre comme son mentor en disant ceci : ‘’….ATT est un homme qui a un bon cœur. Je pense que c’est très important.  C’est un homme qui a une capacité d’écoute. Il écoute tout le monde. Il respecte tout le monde. Il aime ce pays. C’est très important. L’homme n’est pas là pour lui-même. Il va dans les petits hameaux, il écoute les gens, il prend en compte leurs préoccupations. Cela constitue la base même de sa politique. C’est celui qui a donné de l’eau aux populations.

C’est celui qui a donné des centres de santé. C’est lui qui a mis l’accent sur les services de base de proximité. Je l’ai vu et cela peut se vérifier.’'

Elle a usé de son intelligence et imagination pour concrétiser des actions de développement pour Goundam, son bastion qu’elle défend bec et ongles, partout où elle passe. En quelques années, elle a réussi à faire de Goundam un pôle d’attraction médiatique. Elu de proximité, Mme Seck comprend les préoccupations de ses concitoyens et essaie de les résoudre. Son talent de mobilisatrice et son sens d’organisation ne sont contestés par personne.  C’est grâce à elle que le Mouvement Citoyen s’est positionné comme la troisième force politique dans le cercle de Goundam, derrière l’Adema et l’Urd.

Ainsi, par son combat et son travail, Mme Seck Oumou Sall montre l’exemple et rassure tous ceux qui peuvent encore douter de la capacité d’une femme malienne de s’affirmer comme une force d’action politique en faveur du développement.

 

C. Doumbia

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