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![](http://www.maliweb.net/wp-content/news/images/2012/06/MNLA-x.jpg)
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Après l’échec, pour le moins, retentissant de l’indépendance de ‘‘l’Azawad’’ et sa débandade face aux groupes islamistes qui l’avaient aidé à conquérir les trois régions du nord, le MNLA (Mouvement National de Libération de l’Azawad) tente de se maintenir sur la scène politique.
Cette fois –ci, il ne revendique plus l’indépendance. Mais l’autodétermination. Or, la communauté touareg ne représente que 11,6 % des populations du nord malien. Soit, 0,98 % de l’ensemble de la population malienne, estimée à 15 millions d’âmes.
Accorder l’autodétermination à cette minorité reviendrait à exacerber, davantage, la tension entre les communautés songhoï, arabe, peulh, bambara, samonos et la communauté touareg, considérée comme le seul responsable du Chaos, qui règne au nord du Mali.
«
Nous sommes là, aujourd’hui, pour informer le monde entier que le MNLA a réussi pendant des mois de travail à tomber d’accord sur une plateforme politique avec des aspirations très claires et nettes pour pouvoir atteindre le règlement politique de cette crise qui nous oppose au Mali depuis 52 ans », indique Ibrahim Ag Assaleh, membre du conseil national de transition de l’Azawad. C’était, dimanche à Ouagadougou à l’issue de sa rencontre avec Blaise Compaoré, médiateur dela CEDEAO dans la crise malienne, à qui il venait de remettre la revendication de son mouvement : l’autodétermination dela Communauté touareg au nord du Mali.
Soutenue parla Franceet l’Algérie, cette option risque d’exacerber la tension entre les communautés dans le septentrion malien.
D’abord, parce que la communauté touareg n’est qu’une infime minorité au nord du Mali.
Selon le recensement administratif de 2009, la communauté touareg ne représente que 11,6 % des populations du nord malien. Soit 0,98 % de la population malienne, estimée à 15 millions d’habitants.
Autrement dit, face aux communautés songhoï, arabe, peulh, bambara, somonos etc… les touaregs ne représentent qu’une infime minorité. Une minorité… minoritaire.
Comment une communauté qui ne représente pas 1 % de la population malienne, peut –elle revendiquer l’autodétermination ?
Ensuite, parce que si l’autodétermination est accordée à la communauté touareg du Mali, elle risque de faire tâche d’huile dans les pays voisins du Mali. Notamment, au Niger, au Burkina Faso, en Algérie et en Mauritanie où vivent des communautés touareg.
Enfin, les communautés songhoï, peulh, bambara, arabe… n’accepteront jamais d’être sous le contrôle d’une communauté, non seulement, minoritaire ; mais surtout, une communauté qu’elles jugent responsable du chaos, régnant dans le nord du Mali.
Pour venir à bout de l’armée malienne, le MNLA a du pactiser avec le diable : Aqmi, Ançar Dine, MUJAO, Boko Haram.
Mais le 11 février, les groupes islamistes décident de bouter le MNLA hors du septentrion malien. Après que la rébellion touareg ait proclamé, début avril, l’indépendance de l’Azawad.
A rappeler que ‘‘
l’Azawad’’ ne représente pas les trois régions du nord malien. Selon Pr Bakary Kamian, éminent historien malien, ‘‘
l’Azawad’’ est une minuscule région géographique, située entre Araouane, Kidal et Tombouctou. Cette aire géographique, dit –il, sert de pont entre le Sahara et le Sahel. Mieux, ajoute Pr Kamian, les touareg ne sont pas les premiers habitants de ‘‘
l’Azawad’’. Ils ont été précédés par des nomades peulh et des noirs.
A l’issue de 72 heures de combat, les rebelles du MNLA ont été défaits par les combattants du MUJAO (Mouvement pour l’Unicité et le Jihad en Afrique de l’Ouest). Plus grave, son arsenal militaire a été détruit.
Pour sauver leur peau, les survivants du MNLA se sont repliés sur leur dernière base, à Ménaka. Avant d’y être délogés par le groupe islamiste Ançar Dine du tristement célèbre Iyad Ag Ghali.
Depuis, le MNLA –ou du moins, ce qui en reste –erre à la frontière entre le Mali et le Burkina Faso. Comme un fou dans un cimetière.
Bien plus, les 75 soldats maliens qu’il détenait, comme ‘‘butin de guerre’’, se sont échappés de Tinzewaten, localité située non loin de la frontière algérienne, où ils étaient gardés. Profitant d’une nuit d’orage, ils ont réussi à regagner le camp militaire de Tamanrasset, puis Alger. Avant d’être évacués au Mali par vol spécial.
C’est MNLA, désormais sans armes, sans combattants dignes de ce nom et sans financement …, qui tente de se maintenir sur la scène politique en lançant un autre ballon d’essai : l’autodétermination.
Pour Ibrahim Ag Assaleh, l’objectif visé est de mettre le nord du Mali au même niveau de développement que le sud.
En effet, de 1992 à nos jours, près de 110 milliards CFA –sur 150 milliards CFA prévus –ont été investis dans des projets au nord. Projets, dont la gestion avait été confiée à des cadres touaregs.
Grâce à ces projets, les conditions de vie des populations du nord se sont améliorées. Avec les forages, les systèmes d’adduction d’eau, l’électricité, la construction des ponts et des barrages, des centres de santé, des écoles, des routes et d’aménagements agricoles… des infrastructures mises à mal par le MNLA et ses ex –alliés islamistes.
Le 7 janvier 2012, l’ex– président dela République, Amadou Toumani Touré, avait dépêché à Abeïbara, une délégation. Avec, à sa tête Mohamed Ag Erlaf, ex –ministre et touareg pur sucre, originaire de Kidal, elle avait pour objectif de recueillir les revendications des rebelles touareg. Revendications acceptées dans leur quasi –totalité par le président dela Républiqued’alors.
Mais quelle ne fût sa surprise. Trois jours après, c'est-à-dire le 10 janvier, la ville de Ménaka est mise à feu et à sang par les troupes du MNLA. Avec le soutien militaire de ses alliés islamistes : Aqmi, MUJAO, Ançar Dine, Boko Haram. La suite, on la connaît.
Après avoir proclamé, à grands renforts de publicité, l’indépendance de ‘‘
l’Azawad’’, le MNLA est chassé du nord par ses ex –alliés.
A l’issue de la prise d’Aguelhoc, le MNLA a procédé à l’exécution systématique des soldats maliens désarmés. Les mains liés dans le dos, ils ont été soit égorgés, soit achevés d’une balle dans la tête. Leur nombre est estimé à près de 200. Et le dossier pendant devantla CourPénaleInternationale (CPI).
C’est à l’issue de tous ces crimes et bien d’autres encore, que le MNLA tente de se refaire une nouvelle virginité politique en revendiquant l’autodétermination. Alors que, la communauté touareg qu’il dit représenter ne représente que 11,6 % des populations du nord. Et 0,98 % de l’ensemble de la population malienne.
Cette revendication ne passera pas. Les communautés songhoï, peulh, arabe, bambara, somonos… du nord n’accepteront jamais d’être sous la coupe d’une communauté minoritaire. Au risque de plonger le nord du Mali dans une interminable guerre entre communautés majoritaires et communauté touareg.
Le MNLA veut s’inspirer du cas soudanais. Et l’autodétermination n’est qu’une étape dans ses revendications sessionnistes. Le Mali n’est pas le Soudan. Il n’y aura ni indépendance de ‘‘
l’Azawad’’, ni autodétermination.
Oumar Babi