Nord Mali : Un Emirat islamique en gestation?
Depuis le 17 janvier 2012 et l’attaque de Ménaka, les choses commencent peu à peu à se dessiner quant aux véritables raisons du conflit dans notre Septentrion. Même si le mot MNLA revient en boucle dans plusieurs discours, nous sommes véritablement face à une guerre religieuse, orchestrée par AQMI depuis peu rejoint par plusieurs membres de Boko Haram. Ceux-là même qui, il y a quelques mois, s’entraînaient encore dans les camps érigés par AQMI dans le Tegharghar.
Tout d’abord, un rappel historique. Il y a une quinzaine d’année, le GSPC (Groupe salafiste pour la prédication et le combat) avait décidé de mettre en place de petites unités, pour contrôler le Sud de l’Algérie et du Maroc, le Sahara Occidental, le Nord et l’Est de la Mauritanie, le Nord du Mali, celui du Niger, le Sud de la Libye, le Nord du Tchad, le Kordofan (Soudan) et une partie de la Somalie.
Toutes ces zones, pour ceux qui s’y connaissent, sont très peu contrôlées par leurs Etats respectifs. C’est pourquoi les Islamistes veulent en faire un Emirat dirigé par eux. C’est là toute l’explication de l’actuel conflit que le Nord du Mali connaît et qui continuera plus tard ailleurs.
En effet, selon les spécialistes, après le Mali, la deuxième étape consistera à prendre en étau le Niger. Les rebelles touarègues et AQMI déferleront sur l’Ouest, les islamistes tchadiens sur l’Est et Boko Haram sur le Sud. Pendant ce temps, les armes venues de la Libye continueront à circuler dans tout le Sahara et Boko Haram sera de plus en plus puissante, avec ses dizaines de milliers de combattants négro-africains. A en croire toujours les spécialistes, après le Niger, ce seront la Mauritanie, le Sud algérien et le sud marocain qui seront atteints par la vague islamiste.
Actuellement, selon des sources militaires très confidentielles, des bandes de djihadistes, puissamment armées et très riches, se trouvent actuellement en Libye et sont prêtes à rejoindre ceux qui font actuellement la guerre au Mali. Cette espèce de combattants, nous a-t-on confié, sont prêts à perpétrer toute sortes d’actes afin de déstabiliser n’importe quel pouvoir en place. C’est ce que notre pays et les autres, au Sud du Sahara (Niger, Tchad) doivent craindre, car les attentats deviendront monnaie courante.
Or, comme on le sait, ces pays ne sont pas habitués à faire face à de telles menaces. Ce sera la panique, le règne de la corruption à grande échelle, bref, on assistera à une «afghanisation» de tous ces Etats, où les différentes tribus auront la main basse sur les ressources minières et deviendront les principaux interlocuteurs des multinationales. Le Président de la République, Amadou Toumani Touré, a toujours appelé à une lutte commune contre la vague islamiste qui déferle sur la bande sahélo saharienne. Bien qu’il commis plusieurs erreurs d’appréciation dans ce domaine, il a entièrement raison sur ce point.
Par ailleurs, pour repousser les djihadites, l’OTAN, qui a lutté contre Kadhafi et qui a contribué à «distribuer» son arsenal militaire dans tous les pays riverains du Sahara, doit maintenant s’assumer pour réparer ses torts.
Paul Mben
Les brèves du Nord
Tessalit donné aux USA?
Parmi les nombreuses solutions préconisées par les ressortissants du Nord, et plus précisément de la localité de Tessalit, celle de céder la base de Tessalit aux Etats Unis revient sans cesse. Selon eux, le Mali n’a ni les moyens militaires ni assez de ressources financières pour mener à bien tout seul cette guerre, qui se gagnera à l’usure. «Nous devons mettre notre égo, notre fierté et notre orgueil de côté pour voir la réalité en face. Nous ne pouvons pas combattre ces islamistes. Avant qu’il ne soit trop tard, nous devons nous donner la main avec les USA et leur céder la base de Tessalit. Même si c’est pour cent ans» a soutenu un élu lors d’une réunion entre cadres du Nord.
Il faut tout juste se rappeler que, de sources très confidentielles, l’ancien Président Moussa Traoré avait élaboré un document qui devait permettre cette cession. Certaines informations font aussi état d’un intérêt particulier de la France pour cette partie du Mali, qui est considérée comme «très stratégique». Par contre, d’autres Maliens croient fermement que le Mali, en tant qu’entité indivisible, ne doit être ni cédé ni négocié, sous quelque forme que ce soit.
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