Pour dénoncer les violences des rebelles : Le collectif « Cri de cœur pour le Nord » en marche à Bamako
Le mardi 3 avril, pour dénoncer le drame humanitaire sans précédent provoqué par les rebelles au Nord-Mali, le collectif « Cri de cœur pour le Nord » a organisé dans la capitale une marche de protestation allant de la Bourse à du Travail à l’Ecole normale supérieure (ENSUP).
Depuis le week-end dernier, les régions du Nord-Mali sont sous le contrôle des rebelles du MNLA et du mouvement islamique Ançardine. Du coup, ces envahisseurs ont créé un drame humanitaire sans précédent qui vient se greffer à une situation initiale de crise alimentaire alarmante. Les assaillants ont installé une crise sécuritaire prolongée, amplifiant ainsi le drame des populations prises en otage, sans compter le pillage des biens publics et privés. Aussi, le collectif « Cri de cœur pour le Nord-Mali », majoritairement composé de Nordistes, a manifesté son désaveu à travers une marche de dénonciation tout en interpellant la France, la communauté internationale et l’OTAN.
« Les assaillants ont pris les régions du Nord-Mali, créant une situation de terreur généralisée, de violation systématique des droits humains fondamentaux des populations : agression physique des populations civiles ; atteintes à leurs biens matériels ; saccage des infrastructures sociales de base (hôpitaux, adductions d’eau, écoles, maternités…) ; viol collectif des femmes sur la place publique (48 cas déjà signalés) ; désaffection des services publics de l’Etat… », a informé Almady Cissé, secrétaire général du collectif. Cette situation frappe les populations du Nord-Mali après deux années de crise alimentaire dans la zone, selon le responsable du collectif. « Déjà frappées par deux années de pénurie alimentaire, les populations du Nord subissent un double traumatisme psychologique et moral, réduites aux pires privations : eau, médicaments, électricité, aliments de subsistance, les populations sont au bord du gouffre et chaque heure qui passe les asphyxie davantage… », a-t-il ajouté.
Le collectif « Cri de cœur pour le Nord » reproche à l’OTAN d’être à la base de ce drame humanitaire qui prévaut dans les régions du Nord car selon lui, c’est la guerre contre la Libye qui a provoqué cette situation déplorable. A cet effet, les Nordistes estiment que la France et les autres pays membres de l’OTAN doivent assumer leurs responsabilités. « Cette situation est l’effet collatéral de la guerre de Libye…Les gens qui ont bombardé la Libye doivent faire quelque chose… », a indiqué le collectif.
Par ailleurs, il a interpellé les sociétés civiles maliennes et africaines pour qu’elles continuent là où s’arrêtent les Etats. « Il urge, pour les sociétés civiles du Mali et d’Afrique, de dénoncer les décalages entre le discours des politiques internationales marquées par l’exigence croissante de gouvernance responsable et les logiques de guerre observables sur le théâtre de la bande sahélo-saharienne et en interrogeant plusieurs paramètres : la course aux ressources énergétiques (uranium, pétrole, titane, colombo, tantalite, palladium, désormais convoitées par les pays émergents totalement décomplexés et agissant souvent en marge des normes internationales en relation avec la bonne gouvernance). Aussi, la résurgence actuelle des rebellions touarègues, la lutte contre AQMI, l’impératif de contrôle des flux migratoires vers l’Europe, et plus globalement le maintien des équilibres géopolitiques régionaux et internationaux… », a informé le collectif avant de conclure : « Ensemble, on peut faire échec à l’entreprise de recolonisation de l’Afrique, surtout assurer l’inviolabilité de notre souveraineté sur nos richesses et défendre le droit inaliénable de notre peuple à l’autodétermination ». Les slogans de la marche (entre autres) : « Tous pour libérer le Nord-Mali ! » ; « Tous pour le Mali ! » ; « Le Mali est un et indivisible ! » ; « Agissons ! Le Nord-Mali est en danger ! »; « Oui, nous pouvons dire non ! ».
Oumar Diakité
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