Retour à l’option politique négociée: Le Président Dioncounda Traoré aurait-il un bâton international dans le dos ?
Visiblement, les propos du Président Dioncounda Traoré démontrent que l’option d’une probable négociation entre les autorités maliennes et les rebelles touaregs exigée par la France, dont le soutien a été déterminant dans la reconquête des villes du Nord, semble épouser le consentement des autorités civiles et militaires du pays qui pensent que certains groupes rebelles peuvent aller à la négociation.
Mais de quoi parleront-ils avec les autorités au cours de cette fameuse négociation ? Et pourquoi exiger la négociation pendant que la reconquête des villes n’est pas encore effective ? Voilà des questions qui reviennent et qui pourront susciter des réponses divergentes venant des citoyens. En tout cas, hier matin, sur les antennes de RFI le Président de la République par intérim a affirmé que «le seul groupe rebelle admis aux négociations est celui qui n’aurait pas participé à l’attaque, donc aux combats : il s’agit du MNLA». Alors, une question nous revient en mémoire : qui a pris part ou non aux attaques contre le peuple malien ? Le MNLA, dont les éloges pleuvent pour clamer son «éligibilité aux négociations, a pourtant revendiqué ouvertement le massacre de soldats maliens à Aguel’hok le 17 janvier 2012. Alors, de quels combats parle le Président Dioncounda dont l’expérience politique n’est pourtant plus à démontrer, encore moins à ignorer. «Le mouvement Ançardine s’est disqualifié des pourparlers parce qu’il a participé aux récentes attaques contre des soldats maliens». Autant de propos du Chef de l’Etat (entre autres) qui prouvent que le pouvoir intérimaire malien veut retourner à la table des négociations. C’est pourquoi certains observateurs qualifient la diplomatie malienne de « sans effet louable » face à cette crise dont la seule solution serait celle de la poursuite de la guerre déclenchée. Aussi, d’autres se demandent s’il existe un « bon tueur » avec qui on peut négocier et un «mauvais tueur» qui serait de facto disqualifié autour d’une table de négociation.
Après la pluie, c’est le beau temps ; mais cela dépend de la demeure qui te sert d’abri pendant la pluie, dit-on. En effet, la demeure malienne saccagée se voit aujourd’hui dans l’obligation de porter secours à la France qui lui fournit des matériels par la reconstruction de sa demeure pour pouvoir bénéficier d’un beau temps après la pluie. La France voudrait négocier la libération de ses otages avec le MNLA qui saurait où ils se trouvent et le MIA qui regroupe les principaux ravisseurs des otages. D’où la nécessité pour Paris d’inviter à une «prise de langues» (négociations) entre Bamako et les rebelles qui n’auraient aucun antécédent avec la bande d’AQMI.
La voix des députés maliens reste sans effet
Par ailleurs, rappelons que lors de leur session extraordinaire tenue le mardi dernier et consacrée à l’adoption de la feuille de route pour la Transition, les élus de l’Assemblée nationale avaient opposé leur refus à toute idée de négociation avec qui que ce soit. Sur ce point, certains ont exigé que, nationaux ou pas, les rebelles soient punis selon les dispositions de la justice malienne, et internationale si possible. Mais voilà qu’après adoption de ladite feuille de route, les initiateurs de ce projet mis sous amendement des élus de la Nation affichent leur volonté de vouloir négocier avec le MNLA, auteur de ce malaise national.
Serge Lath
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