Situation sécuritaire au Nord Mali : ''Nous sommes tous coupables'', a déclaré le Pr. Dioncounda Traoré

Fév 21, 2012 - 07:02
Fév 20, 2012 - 14:47
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Longtemps dans l'air et attendu avec beaucoup d'impatience et d'intérêt par l'opinion, les recettes de la classe politique pour stabilité et la sécurité au Mali a fait l'objet d'une conférence de presse, jeudi dernier. Les échanges avec les hommes de médias ont été principalement animés par le président et candidat de l'Adema-PASJ, le Pr. Dioncounda Traoré, leader du noyau initiateur d'un document qui décline en seize (16) points les propositions de sortie de crise déjà validées par le chef de l'Etat Amadou Toumani Touré.   L'heure est grave, si grave qu'il convient de s'intéresser à l'essentiel, a laissé entendre, sans ambages, le Pr Dioncounda Traoré, président de la première force politique du Mali, en expliquant les motivations de la classe politique engagée dans une démarche de sortie de crise, face au risque de perturbation du processus électoral par la situation dans le septentrion malien. Le président de l'Assemblée Nationale s'est ainsi exprimé en présence de Younoussi Touré de l'URD, de Choguel Maïga du MPR et de Tiébilé Dramé du PARENA, entre autres grosses pointures signataires d'un document qui comporte 16 propositions de restauration de la paix et de stabilité au Mali. Le plan présenté lors de la conférence de presse, qui n'est point différent de celui qui a longtemps circulé sous les manteaux, suggère, entre autres mesures d'urgence, l'implication effective de toutes les forces vives de la nation dans sa mise en œuvre, le dialogue avec les acteurs du MNLA, la dotation de l'armée en moyens nécessaires de défense de l'intégrité territoriale, ainsi que la préservation de la forme républicaine de la démocratie malienne. Ce dernier point, selon le Pr. Dioncounda Traoré, sans apparaître explicitement dans le document, constitue la principale motivation de ses initiateurs, pour autant qu'il ne peut y avoir de démocratie sans élections. ''L'essentiel est que les élections se tiennent à date constitutionnelle échue et que les conditions soient réunies pour des élections'', a clairement indiqué le principal interlocuteur de la presse, ajoutant par la même occasion que cela exige avant tout que ''les armes se taisent''. Le candidat de l'Adema-PASJ estime, par ailleurs, qu'un tel préalable n'est pas au dessus des possibilités de l'armée malienne qui, à ses yeux, n'a jamais été aussi équipée que maintenant'', en dépit des difficultés réelles que pose tout système de rébellion basé sur la guérilla. ''Nous nous refusons d'envisager qu'il n'y aura pas d'élections'', a renchérit le Pr. Dioncounda Traoré, en expliquant également que d'une perturbation du calendrier électoral pourrait découler tous les scénarii possibles, y compris un coup d'État militaire, qui serait sans doute un grand recul pour la démocratie malienne. Pour ce qui est des supputations que suscitent les équations d'un éventuel vide constitutionnel, le président de l'Adema-PASJ a été également on ne peut plus clair : la solution ne se trouve point dans sa personne. Non seulement parce que son mandat de président de l'AN termine trois mois seulement après celui du chef de l'Etat mais aussi parce qu'une ''transition n'est pas son affaire''.     - Tous sont responsables de la situation     En déroulant ses propositions de sortie de crise, sous la houlette du Pr. Dioncounda Traoré, le collectif des partis initiateurs de la sortie de crise se garde visiblement de s'attarder sur un diagnostic de la problématique ou une allusion quelconque aux responsabilités dans le problème de l'insécurité récurrente au septentrion malien. La question n'a toutefois échappé à certains confrères qui l'ont remis sur la table, lors de la conférence de presse, avec des allusions à une certaine comptabilité de la classe politique malienne dans la gestion d'ATT. En abordant la question, le porte-voix du collectif n'a donné l'air d'en rougir, et pour cause. Il n'existe à ses yeux aucune composante de la scène politique ou de la société civile qui se soit singularisée par une opposition constante aux dix années d'Amadou Toumani Touré. Une raison de plus, pour le Pr. Traoré, d'en appeler à la classe politique pour qu'elle dépasse ses ''petites supputations et petits calculs politiciens'' pour se consacrer à ce qu'il considère comme l'essentiel : sauver la démocratie et l'intégrité territoriale du Mali. ''Notre préoccupation est que personne ne soit exclu de la recherche de solutions aux problèmes dela Nation'', a-t-il clamé, sans doute pour solliciter une unanimité autour du principe de préservation de la forme républicaine de la démocratie malienne. Le candidat de l'Adéma-PASJ invite ainsi à faire de ce combat une préoccupation commune voire une exception politique dans un contexte pourtant propice aux clivages et divergences d'intérêt inhérents à toute bataille pour la conquête du pouvoir.  Mais son appel est d'autant plus à propos que certaines composantes de la classe semblent n'afficher qu'un engagement de façade en faveur des mesures de sortie de crise élaborées. Peu de formations font une défection ouverte et courageuse à l'initiative, mais nombreuses sont celles qui ne perçoivent pas forcément le danger que recèle un report du rendez-vous électoral pourtant susceptible de porter un coup d'arrêt fatal au processus démocratique malien. D'aucuns nourrissent du reste le désir discret d'une perturbation du calendrier en espérant qu'un chaos institutionnel ou une transition politique va contribuer à inverser les rapports de forces sur la scène politique. A.Keïta    

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