Depuis le début de la crise du Mali, les femmes maliennes, premières victimes de cette crise, surtout avec tout ce qui se passe au Nord, se sont organisées en alliances et mouvements, à travers les femmes de l’organisation de la société civile, pour participer à une solution de sortie de crise. Mais jusqu’à présent, on ne remarque pas beaucoup d’impacts des femmes. Mais qu’est ce qui les bloque réellement ? En tout cas, elles doivent se mobiliser davantage et rester unies et solidaires pour participer à la résolution de la crise. Votre rubrique «Parole aux femmes », s’est intéressée à ce sujet.
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![](http://www.maliweb.net/wp-content/news/images/2011/12/Collectif_Femmes.jpg)
Collectif femmes (photo archive)[/caption]
Tout porte à croire que toutes les protestations des femmes n’ont produit aucun effet surtout quand on sait que cela fait environ huit mois qu’il n’y pas eu de solutions concrètes pour soulager le peuple malien. On a toujours soutenu que lorsque les femmes s’impliquent dans un problème, qu’il y a mille chances qu’elles trouvent la solution ? Aujourd’hui, est ce que Cette affirmation reste-t-elle toujours une réalité ? Pourquoi les femmes ne s’impliquent-elles pas alors davantage pour trouver une solution adéquate et définitive à ce problème ? Elles ont organisé des marches et des sit-in de protestation, et même initié des rencontres avec les plus hautes autorités. Mais aujourd’hui, quels impacts des femmes faut-il noter pour une sortie de crise ? La question restera toujours posée d »actualité tant que les femmes sont divisées et ne se donnent pas la main tout en restant unies et solidaires. Lors de leur sit-in au CICB, la porte-parole de l’Alliance, Mme Traoré Nana Sissako, a indiqué que les femmes ne peuvent pas rester en marge de tout ce qui se passe au Mali. Elle a précisé que partout dans le monde, chaque fois qu’il y a des problèmes, les femmes sont toujours au devant. Prenant l’exemple sur les événements de mars 1991, elles disent qu’elles étaient là avec leurs enfants et qu’aujourd’hui, elles manifestent contre cette crise en général et ce qui se passe au Nord en particulier. Quelle a été la suite de ces marches, sit-in et déclarations des femmes ? Ils n’ont rien donné tout simplement parce que les femmes ne sont ni unies, ni solidaires. Fini donc les beaux discours, place aux actions concrètes ! Et l’heure n’est plus aux erreurs. Donnons-nous la main dans l’entente et dans l’union en laissant de côté les petites querelles et en priorisant le Mali afin de trouver une solution à cette situation. Cela fait mal aux femmes, mais c’est une triste réalité de constater ce manque de solidarité et d’entente pourtant clamée de temps par les femmes elles-mêmes. Il ne faut surtout pas que ces femmes « prêchent dans le désert ».
Les femmes en parlent et proposent
-Mme Bocoum Salimata Ouattara, femme engagée :
D’abord ; les femmes doivent être en harmonie avec leurs idées car elles sont divisées. Alors que dans la division, la réussite est difficile. Aujourd’hui, on doit s’assoir face à face en se regardant droit dans les yeux et dire des vérités, même si cela blesse. Ce n’est pas grave tant qu’il s’agit d’une sortie de crise. Plus de 6 mois qu’on est sur cette lancée et il n’y a pas d’avancée. Chaque jour que Dieu fait, on voit des choses qui ne donnent pas espoir. Si les protestations des femmes n’ont pas eu d’impacts, c’est parce qu’il y a un manque d’engagement venant d’elles. Quand on parle d’engagement, il ne s’agit pas de faire des discours, mais de les concrétiser en actions. Les femmes font beaucoup de discours, mais sans effet. Alors que l’heure n’est plus aux discours, mais à la réaction. Aujourd’hui, je dénonce le manque de sincérité des femmes. Ce qui bloque surtout leur contribution à une solution de sortie de crise, sans oublier leur manque d’union. Sans ces deux éléments, on ne peut réussir dans aucun combat que nous menons. Pour faire chemin avec quelqu’un, il faut partager les mêmes idées avec lui tout en se faisant confiance. Tout cela manque chez les femmes. Je demande aux femmes de s’unir autour du seul objectif : la libération de notre pays. Nous, les femmes, nous devons nous engager sans calcul ni parti pris. Ce n’est pas non plus une question de parti politique ni de partisans : il s’agit de notre pays qui est humilié. Je sais que si les femmes veulent, elles peuvent réussir.
-Mme Diarra Ramata Sacko, femme au foyer :
Les femmes maliennes se sont toujours battues et continuent de le faire pour leur pays. Si toutes ces manifestations et déclarations n’ont pas produit d’effet. C’est que quelque part, il y a un problème. On peut aussi comprendre parce que la situation actuelle du pays est très grave et compliquée. Toutefois, les femmes doivent s’impliquer pour jouer leur rôle dans la résolution de cette crise.
-Mme Bintou Sanankoua, historienne, lors de l’émission « Questions d’actualité » :
La gravité de la crise est telle que les réactions, même au niveau national, ne sont pas à la hauteur de la situation. D’abord, les réactions des femmes : nous sommes là, nous vaquons à nos occupations et train-train quotidien pendant que des femmes sont violées et lapidées au Nord. Je trouve que les réactions, que cela soit au niveau des associations féminines ou de l’Etat, ne sont pas à la hauteur de la situation. Organiser des marches ne suffit pas, il faut trouver les moyens d’intervenir. Il y a une chose qui existait chez nous : les gens acceptaient de mourir pour un idéal. Aujourd’hui, tout le monde a envie de rester pour pouvoir raconter. Il faut que les Maliens acceptent de mourir pour un idéal comme pour l’indépendance/ Des gens ont accepté de mourir pour un idéal. Je sais que c’est cela notre grand problème.
-Mme Dembélé Bassata Djiré, sur le même plateau :
Il faut que l’Organisation Panafricaine des Femmes (OPF) fasse entendre sa voie. Nous, à notre temps, quand les Maliennes avaient des difficultés, elles étaient aidées et accompagnées par leurs sœurs de la communauté internationale. Il faut que l’OPF informe les femmes du monde de tout ce que les femmes vivent au Mali et surtout au Nord. Il faut une union des femmes pour se faire entendre.
-Mme Astou Samaké :
A mon avis, toutes ces marches de protestation des femmes n’ont rien donné. Je pense que les femmes doivent chercher d’autres stratégies qui n’ont rien à voir avec les discours sans effet. Les Maliens n’ont plus besoin de beaux discours, mais d’actions concrètes. Nous, les femmes, nous avons toujours joué un rôle important dans les résolutions de crise. Pourquoi cela tarde maintenant ? Je pense que nous devons nous impliquer davantage pour sortir notre pays de cette phase de son histoire qui a bafouillé son honneur. Je demande à toutes les femmes du Mali de se mobiliser pour la paix et la sécurité du pays.
Salimata Fofana