Transition : Du pouvoir tricéphale à la castration des égos

Déc 15, 2012 - 20:35
Déc 16, 2012 - 01:19
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Ils étaient trois têtes se disputant le même gibier (le Pouvoir). Le premier, hissé par la vertu des armes, est devenu un enfant de l'Histoire quand elle s'est accélérée, plus précisément le 22 mars de cette année. Le deuxième a eu la baraka de la Constitution, enfant du Droit et de ce qu’il porte comme sacralité. Parce que notre Loi fondamentale avait fait de lui l’ex-second de l’ex-premier pour qu’aujourd’hui il soit le premier d’entre nous. Mais a-t-il l’essentiel du Pouvoir, en dépit de la force du symbole ? Le troisième eut la bénédiction des circonstances pour être choisi en ce moment particulier où le feu de l’Histoire était ardent. Premier ministre riche d’une notoriété internationale dont la Nasa était le temple d’onction. [caption id="attachment_92590" align="alignleft" width="403"] CMD, Sanogo, Dioncounda[/caption] Le premier, capitaine Sanogo, pour le nommer, avait consenti s’effacer, au moins derrière le rideau mais l’Acteur était encore présent pour régenter le champ. Il vient de prouver, pour ceux qui en douteraient encore, qu’il demeure le vrai maître au bord du Djoliba. D’un pouvoir tricéphale sans visage, il entend incarner le mystère d’un silence intéressé, d’une ombre qui fait peur, la main d’un pouvoir qui frappe sans trop parler. Le second, le président Dioncounda, a le secret de la patience en plus de l’éclat d’un destin qui ne cherche mais finit par tout avoir. Il détient officiellement un pouvoir dont les vrais leviers sont dans les mains du président officieux, le premier acteur. Face à un PM coriace mais imprudent, le mathématicien n’a pas choisi l’hyperbole ni mathématique encore moins l’hyperbole littéraire mais l’Art du caméléon. Laisser et pousser l’adversaire à la faute avant d’inviter à sa moisson. Jeu d’échec entre nos trois acteurs, le pouvoir tricéphale n’avait jamais gagné ni en efficacité ni en visibilité encore moins en clarté sans parler de crédibilité. L’image du Mali en porta les conséquences quand les grandes «bouches» du monde s’interrogeaient : qui gouverne à Bamako ? La réponse vient d’être donnée. Sanogo est, non l’iman caché, mais le président caché. Le troisième acteur, Cheick Modibo Diarra, avait suscité tant d’espoirs. Appelé par l’Histoire, porté par les circonstances, sur sa large poitrine, ce costaud au sens physique et psychologique tant ceux qui le connaissent le disent têtu et fonceur, le fardeau d’un Mali qui ne demandait qu’une transition vers plus d’unité, de sécurité et de stabilité. Fascinant par son caractère têtu qu’on aurait aimé voir utiliser contre les bandits du Nord, mais agaçant par son assurance quasi-méprisante, il a fini par multiplier ses ennemis, se fâcher avec le premier et le second. L’agacement du militaire, la patience calculée du président mathématicien, l’imprudent entêtement de l’astrophysicien, ils étaient trop nombreux pour un pouvoir qui n’aime pas se partager. Surtout qu’officieuses restaient les lois du partage. Dans ce marigot politique où violence, médisances et méchancetés sont banalités, se croire invincible peut paraître suicidaire même si l’on a l’âme d’un taureau fonceur. Le pouvoir tricéphale est aujourd’hui bicéphale sinon monocéphale mais une chose est sûre : son centre de gravité est à Kati. Les Nations palabrent mais elles ont la force de continuer leur marche même sans les destins individuels. D’un Mali qui ne demande qu’à survivre aux pièges mortels tendus sur son chemin, il faut espérer encore un sursaut patriotique en dépit des vicissitudes d’une actualité troublée, compliquée, alambiquée où le bruit des armes et des casernes n’a pas fini de perturber le sommeil de ceux qui ont élevé la démocratie en rang d’évangile. Les crocodiles politiques se mangent. La politique est anthophage. Riche son cimetière de victimes. Mal conseillés ceux qui, un jour sur le trône ou sur une de ses ramifications, l’auront oublié. Le message de la junte est claire : elle n’est ni moribonde ni partie. Présente et surtout maître du jeu, elle entend rester au cœur du jeu. Et malin qui connaît la suite ! Nous avons trop pleuré le Nord pour pleurer un gouvernement qui n’a pas trop convaincu. Gardons nos réserves lacrymales pour nos frères du Nord, surtout notre Energie, s’il en reste encore, pour l’Unité et l’Avenir du Mali. Que Dieu nous donne ceux d’entre nous, cachés dans ses secrets, destinés pour répondre tant à l’urgence du moment qu’à l’auguste incandescence du Devoir historique : celui du retour du grand Mali dans le concert des Nations stables candidates à la Dignité de la Liberté et du Progrès solidaire. Yaya TRAORE

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